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 Le Gauvain de Schrödinger

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Ariane de Sombreval
L'ingéniosité du renard
Ariane de Sombreval

Parchemins : 39
Pseudo : Bananarama
Avatar : Celina Sinden
Disponibilité : Aléatoires
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MessageSujet: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyLun 30 Mar - 14:29


Elle avait surpris tout le monde, traitre. Portée par des nuages discrets, eux-mêmes poussés par un vent venu des terres, la pluie s’était abattue sur Ormebois sans crier gare, prenant au piège de nombreux élèves. Rares étaient ceux qui, comme Ariane, aimaient la pluie. Les dames la détestaient tout particulièrement, et on ne pouvait que les comprendre. L’eau alourdissait leurs robes, déjà difficiles à porter, ruinait les coiffures qui leur avait demandé des heures de soin et faisait couler le maquillage qui leur avait coûté si cher… En les voyant détaler, certaines protégées du mieux qu’ils le pouvaient par leurs galants, Ariane n’avait pas envie de rire malgré le burlesque du tableau. En place et lieu, ce fut un soupir qui lui échappa, discret sous les trombes d’eau qui la mouillaient déjà jusqu’aux os. L’œuvre de la pluie, du reste, était déjà bien avancée. Des mèches de cheveux s’étaient échappées de leur carcan d’épingles, tentant une fuite peu discrète, collant sans vergogne aux tempes de la jeune femme, à son cou, lui donnant l’air d’une noyée. Quant à ses vêtements, si sa cape protégeait tout ce qu’elle pouvait de sa belle robe de perles et de brocart d’un violet sombre, il y avait fort à parier qu’elle rendrait bientôt les armes, offrant malgré elle le reste de la personne d’Ariane à la pluie. D’ici là, celle-ci restait relativement libre de ses mouvements… Indécente, elle mit un genou en terre pour ôter ses chaussures et, une fois pieds nus, c’est sans peur aucune qu’elle se dirigea vers le lac, robe en bras.

Du château, si d’aventure on regardait par l’une de ses meurtrières, on aurait pu la voir patauger, retenant comme elle le pouvait ses nombreux et encombrant jupons, avant de se déclarer vaincue et de laisser le tout tomber dans l’eau. On aurait pu la voir, l’œil rivé vers la surface du lac, chercher quelque chose… L’oreille tendue, on aurait même pu l’entendre pester comme un charretier contre toute la fanfreluche qu’elle était contrainte de porter et s’interroger sur l’intérêt de pouvoir voler un sens à une personne quand la décence aurait voulu qu’elle vole la vue de tous les habitants du château pour protéger sa pudeur. A son grand dam, Ariane dut rapidement déclarer forfait et battre en retraite. Elle qui espérait trouver de jolies gemmes dans le limon du lac ne parvenait pas à porter le poids de ses jupons gorgés d’eau, et l’action conjuguée de ces derniers et de ses propres pieds agitait tellement la vase qu’elle ne voyait absolument rien. Chercher des coquillages, lorsqu’elle allait à la mer, lui posait beaucoup moins de problèmes.

C’est une mine déçue sur le visage, et après avoir essoré comme elle le pouvait les bas des couches de tissu successives qui composaient sa robe qu’elle reprend la route du château. Il y avait fort à parier que, le lendemain, elle aurait un vilain rhume. Ça n’était pas suffisant pour l’inquiéter cependant, l’infirmière serait prompte à la remettre sur pieds si besoin était. Monter les marches du perron fut un supplice, supplice qui, hélas, refusa de prendre fin. Comme ce château avait l’habitude de le faire, il avait décidé de piéger Ariane au moment le moins opportun. Combien de temps tourna-t-elle dans le labyrinthe des couloirs incessamment changeant ? Elle n’en avait pas la moindre idée, sa notion du temps s’étant rapidement envolée avec son sens de l’orientation. Désespérée d’atteindre un jour sa salle commune, elle se décida à ouvrir une porte au hasard, espérant tomber sur quelqu’un capable de lui dire à quel étage elle se trouvait, et dans quel couloir, afin de remettre les compteurs à zéro…

Elle ne trouva personne dans cette salle, salle qu’elle identifia sans certitude comme étant celle des illusions. Devant elle, pas de salle de cours mais un feu de cheminée crépitant, un parquet chaleureux, un lit au matelas molletonné et à l’édredon, elle le devinait, aux plumes d’oies. Le décor qui lui faisait face était le reflet parfait de ce qu’elle imaginait être une chaumière de paysan. Douillet, accueillant. Bien évidemment, elle n’avait jamais mis les pieds dans un endroit de la sorte mais si elle avait dû le décrire, elle ne l’aurait pas décrit autrement. Sur une petite table, il y avait même un bol de soupe encore fumant… L’invitation était trop belle, elle ne résista pas. Sans lutter, elle entra referma la porte derrière elle et se précipita vers le feu pour s’y réchauffer. Prompte, elle se défit de sa cape qu’elle suspendit au dossier d’une chaise et plaça près du feu. Après quelques minutes à imiter sa cape, Ariane se mit à fouiller un peu partout. Elle trouva, comme c’était pratique, des vêtements secs. Il allait sans dire qu’elle n’hésita pas longtemps avant de les enfiler, et c’est vêtue d’une robe plus modeste que son rang qu’elle se précipita dans le lit, s’emmitoufla dans la couverture comme si elle était sur le point d’hiberner et s’empara, comme elle put, de la soupe.

C’est au moment de la manger que les questions commencèrent à affluer. Qu’avait-elle lu à propos de cette salle fantastique, déjà ? Ah oui. Rien n’y était réel et là était le piège. Certains s’étaient fait prendre au piège, avaient refusé de la quitter et étaient mort de faim et de soif. En soi, rien de tout cela n’inquiétait Ariane. Ses questions étaient d’un ordre un peu plus philosophique. Elle savait qu’elle sortirait bientôt de cette salle, car elle était quelqu’un de très volage, se lassait rapidement. Une fois moins frigorifiée, elle retournerait dans le château et espérait que le dîner suivrait peu après sa sortie. Ainsi, l’idée de mourir de faim piégée par cette salle ne l’inquiétait pas. MAIS, en cet instant précis, avait-elle réellement envie de manger cette soupe en sachant pertinemment que ça n’était qu’une illusion ? Voulait-elle être assez idiote pour manger du vent ? Est-ce que, en cet instant précis, c’était même important puisqu’elle savait que ce n’était qu’une illusion ? Les questions qui se pressaient autour de ce bol de soupe l’obnubilaient plus qu’elle ne l’aurait cru, la perdant dans une admirative contemplation. Devait-elle engloutir cette chose, rien que pour le plaisir du goût, ou être plus intelligente que cela et refuser de se prêter au jeu des illusions ? Était-ce seulement une question d’intelligence ? Et que se passerait-il si quelqu’un entrait dans la salle ? Le décor changerait-il ? Ses vêtements, production de la salle, changeraient-ils ? Excellentes questions, auxquelles elle se devait de trouver des réponses. Plus les questions s’accumulaient, plus il lui semblait évident qu’il lui fallait un volontaire pour mener des expériences sur cette fascinante salle…
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyMar 31 Mar - 21:36

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Joutes à dos d'hippogriffe... Voilà tout ce qui lassait cruellement Gauvain. Dans un sens, il redoutait ce cours pour sa violence, et il le détestait pour le message qu'il donnait. Se battre n'était vraiment quelque chose qu'il appréciait. Alors, oui, il considérait ce genre de pratique comme nécessaire, parfois, rarement, lorsqu'il ne restait vraiment plus que cela, mais pas à la moindre altercation ! Et emporter les si belles bêtes qu'étaient les hippogriffes dans la bataille était tout bonnement criminel pour le jeune homme... Pour le coup, il comprenait tout à fait la philosophie des de Soissons, et était le dernier à les traiter de lâches. Après tout, s'ils en étaient, Gauvain était à ranger dans la même case...
Descendant lentement les marches donnant sur la cour du château, il songeait à un monde sans violence, oubliant même la pluie qui lui tombait dessus, et finit par se dire que ce devait être un paradis. Pas celui de ces chrétiens pseudo pacifistes, mais un véritable lieux parfait, empli de bonheur et dénué de toute rage ou haine. Et plus il y pensait, plus il se disait que le monde dans lequel il vivait en était loin, très loin même...
Une fois arrivé devant l'écurie, le jeune de Rosset, tâtant des mains toutes ses poches, se décomposa peu à peu. Sa baguette ! Il l'avait laissé dans la chambre... Il pouvait encore faire demi tour pour aller la chercher. Mais, dans ce cas, il était certain d'arriver en retard, surtout si le château faisait des siennes. Mais c'était toujours mieux que d'arriver en cours sans baguette.
Retournant, au pas de course, dans l'antre de Lancelot et Viviane, il passa néanmoins devant ces escaliers qu'il venait de descendre suite à son cours d'histoire, et quelque chose l'intrigua. Le norme de marche était remarquablement petit... Et, à peine eut-il jeté un yeux ailleurs, qu'il n'en restait plus qu'une... Le château voulait qu'il monte ? Étrange... Mais, en même temps, ce superbe tas de brique avait beau se rire souvent des élèves d'Ornebois, il n'attirait jamais quelqu'un seulement pour lui jouer un mauvais tour. Un problème ? Peut être... Ou peut être voulait-il juste que le jeune homme tombe sur quelqu'un en particulier pour rire un peu...
Mais pas le temps de douter. Levant le pied, Gauvain manque de tomber quand il retomba exactement au même niveau que l'autre. La marche avait même disparue. N'y prêtant pas plus attention, le jeune de Rosset ouvrit la porte qui donnait, de coutume, sur un grand hall d'entré. Mais, là, Gauvain déboula dans un couloir... Cinq portes à gauche, et quatre à droite. Aucun doute possible : il était au deuxième étage. Et, non loin de lui, quelqu'un ouvrait la troisième porte à gauche. Ariane... Mais à quoi jouait-elle ? Elle venait de se jeter dans la salle des illusions... Qu'avait-elle dans la tête ? Elle devait forcément savoir ce qui l'attendait ?!

Ariane avait certains penchant pour la rêverie qui forcèrent toutefois Gauvain à entrer pour la sortir de là. Seulement, au moment où il ouvrit la porte, ces nerfs se détendirent d'un coup. Devant lui s'étendait une immense plaine. A perte de vue, d'herbe, pure, sans aucune tâche ni marque de violence. L'air y était sein, net, dépourvu de toute odeur nauséabonde. Respirant à plein poumon, Gauvain déchanta vite. Ariane, à côté d'elle, venait de tomber à terre, nue... Un peu plus loin, des vêtements gisaient au sol.
Interdit, Gauvain détourna le regard, et lui passa à l'aveugle ses vêtements. Son visage, lui, passa du rouge, au blanc, et rouge, au blanc, à une vitesse inquiétante tandis qu'il cherchait à garder le peu de décence qu'il leur restait.
Ariane ! commença-il d'une voix tremblante de gêne. Que faites-vous ici ?!
De toutes les personnes qu'il aurait pu croiser, il eusse fallut qu'il entre dans cette salle avec Ariane, de loin la seule capable de briser son beau rêve de paix et de calme...
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyMer 1 Avr - 16:18

Tout venait à point à qui savait attendre, disait le dicton. En l’occurrence, Ariane aurait volontiers patienté quelques instants de plus avant que la catastrophe ambulante qu’était Gauvain de Rosset ne vienne répondre à plusieurs de ses interrogations, tout en même temps. En effet, alors que la jeune sorcière venait de tomber d’accord avec son elle-même quant au devenir de la soupe (en l’occurrence qu’il n’y avait aucun mal à la manger tant qu’elle ne perdait pas de vue que ça n’était qu’une illusion), et s’apprêtait à vider son assiette d’un trait (prenant par la même à peine de le temps de mesurer si la saveur était aussi divine que l’odeur) quand la porte de la salle s’ouvrit brutalement, poussée par le prince des apothicaires. Son entrée, fracassante, brisa net l’illusion d’Ariane, la remplaçant par celle du garçon. Plus de cheminée, plus de peau de bête, plus de chaise, plus de table, plus de masure de bois chaleureuse et hospitalière… Et donc, plus de soupe, plus de lit (les fesses d’Ariane firent connaissance avec un sol plutôt mou et furent enchantées par la rencontre) et, accessoirement… Plus de vêtements. Enfin, presque. L’espace d’une seconde, d’une minuscule et infime seconde, Ariane se retrouva, effectivement, nue comme un vers. Mais la salle des illusions, constata-t-elle, ne reprenait rien de ce qu’elle donnait avant qu’on en passe le seuil. Ainsi, si la robe modeste qu’elle avait passée pour remplacer ses vêtements trempés s’en était allée, une autre robe prit sa place, une robe dans l’esprit de l’illusion de Gauvain. Plus épurée, plus fluide, tissée d’un fil que l’on aurait dit tiré d’un nuage, elle tombait décemment sur les chevilles de la sorcière, à défaut de couvrir ses bras. Inutile de préciser que la surprise fut totale… Et c’est soumise à des sentiments contraires que la sorcière se remit sur pied. Ce qui acheva, en revanche, de la faire opter pour la mauvaise humeur fut le comportement de Gauvain. Outre le rouge ayant fièrement conquis son visage, il n’osait la regarder. Un rien décevant, quand on savait que leurs parents les avaient promis l’un à l’autre. Ariane, elle, aurait regardé tout son saoule ne serait-ce que pour s’assurer ne pas avoir été trompée sur la marchandise… Mais, dans le fond, ce n’était pas tant le fait qu’il la snobe qui l’irritait, non, la raison était plus profonde et plus spirituelle que la bête fierté féminine…

Le teint d’Ariane, lui, était resté fidèle à lui-même. Elle était celle qui s’était faite surprendre, elle aurait dû être plus gênée que Gauvain encore, même en colère qu’il l’ait vu… Mais, non. Son visage n’exprimait qu’une profonde lassitude, voire même un rien de dégoût. Et ça n’avait rien à voir avec le fait que la pièce ait jugé bon de la vêtir, non. Fut-elle restée nue, son comportement n’aurait en rien différé, marquant ainsi sa différence vis-à-vis de son chaste compagnon. Ainsi confrontées, l’ampleur du fossé qui les séparait éclata contre la rétine de la blonde qui, debout, s’autorisa à retrouver un port altier. Loin de s’emparer de ses vêtements humides, elle croisa ses bras contre sa poitrine. « Je faisais sécher mes vêtements mouillés et me préparais à engloutir une soupe illusion, avant votre entrée fracassante. » Laissa-t-elle tomber, d’un ton parfaitement calme et posé. Ce ne fut qu’ensuite qu’elle laissa un rien de son agacement s’exprimer par l’intermédiaire de son ton. « Pour l’amour du Grand Cornu, Gauvain, ressaisissez-vous. » Aux yeux de la de Sombreval, l’attitude du garçon trahissait une insupportable influence chrétienne, chose qu’elle préférait laisser aux portes d’Ormebois, place où le culte celte reprenait ses droits. La foi chrétienne n’était pour Ariane qu’une prison de culpabilité, prison dans laquelle elle refusait de s’enfermer. Gauvain n’aurait pas été son fiancé (jusqu’à annulation si annulation il y avait), sa confession et ses idées lui auraient été égales. En revanche, elle refusait de se faire à l’idée d’un jour, peut-être, partager sa vie avec quelqu’un qui ne partagerait pas ses idéaux, serait d’une religion différente. C’était là peu tolérant, ce qui ne respectait pas les dogmes pacifiques inculqués par les druides et les prêtresses, mais Ariane n’était pas idiote. Elle savait pertinemment que, si elle laissait l’église catholique projeter ne serait-ce que son ombre sur sa maison, elle l’engloutirait toute entière. Si elle respectait la liberté de culte de chacun sans concession, elle refusait d’embrasser ne serait-ce que la joue de la chrétienté, préférerait mourir au bûcher.

Toutefois, elle n’était pas d’humeur à avoir un débat théologique dans l’instant, et surtout pas avec Gauvain, aussi finit-elle par reprendre les vêtements qu’il lui tendait, à peine plus secs qu’ils ne l’étaient à son arrivée. Elle put ensuite, à loisir, admirer l’immensité née de l’esprit du jeune homme. Si la première bouffée d’air frais lui parut salvatrice, Ariane ne tarda pas à se sentir mal à l’aise face à cet espace verdoyant infini. Pas d’arbres, pas de collines, de montagnes… Rien pour rompre la monotonie du décor, pourtant vivifiant de fraîcheur. Pas d’endroit où se cacher, aucun point à atteindre, aucun point de repère… Elle n’en supporta pas plus. Fermant les yeux, elle ordonna mentalement à la pièce de changer, à nouveau, de décor. Rapidement, la prairie céda sa place à une forêt de pins. Un parfum de résine se mit à flotter dans l’air, mais pas seulement. Bientôt, le vent marin charia jusqu’à eux ses embruns salés, ainsi que le cri des mouettes. Un peu plus loin s’étendait une longue plage de sable blanc, soumise au ressac discret d’une mer d’azur. Ce n’est qu’après avoir promené un regard soulagé sur le littoral qu’elle en revint à Gauvin. « Veuillez m’excuser d’avoir altéré votre idée. » Incroyable mais vrai, elle était sincère. « Je ne me sentais pas à mon aise. » se disant, elle haussa discrètement les épaules, et se détourna du garçon pour emplir ses poumons d’un air aux parfums si agréablement factices. « Maintenant que vous êtes là, voudriez-vous rester et aller marcher un peu en ma compagnie ? » Comportement paradoxal s’il en était. Ce qu’il fallait comprendre, et Gauvain le premier, c’était que ce n’était pas sa personne qui la rebutait, mais ce qu’il représentait : une prison, et Ariane n’aurait de cesse d’en combattre chacun des barreaux. Il fallait aussi qu’elle concède en savoir très peu sur l’homme était Gauvain de Rosset, et qu’il serait peut-être intéressant pour l’élaboration et la mise en place de sa stratégie de défense, d’en connaître les points faibles, d’où son invitation. Ça, et aussi le fait qu’avoir une discussion intéressante autrement que par hibou interposé la changerait.
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyJeu 2 Avr - 0:35

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Après de longues secondes durant lesquelles Gauvain ne savait plus où se mettre, Ariane finit par se saisir de sa tenue pour l'enfiler. Non qu'il la trouve peu désirable, au contraire même. Mais il se refusait à violer son intimidé en l'observant ainsi nue. Il en allait du respect des dames. Nul doute qu'Ariane allait lui reprocher sa réaction, comme toujours cela dit... Aurait-il regardé qu'elle l'aurait traité de malotru, il en était certain. Mais soit. Il n'était pas fait pour lui plaire, pour l'instant du moins, alors il préférait garder la conscience tranquille.
« Je faisais sécher mes vêtements mouillés et me préparais à engloutir une soupe illusion, avant votre entrée fracassante. »
Interloqué, Gauvain n'en revint pas du calme de sa promise.
Je faisais sécher mes vêtements mouillés et me préparais à engloutir une soupe illusion. N'était-elle donc pas au courant des dangers que renfermait cette salle ? Comme elle venait de dire, tout n'y était qu'illusions. Et pourtant cela ne la dérangeait pas... Gauvain, lui, était plus que gêné par cela ! Non seulement, les risques encourus en restant étaient grands -on pouvait mourir de faim sans mal si on se laissait aller ici-, mais, aussi, tous ce qui était ici n'était pas réel ! Pour le jeune homme, illusoire rimait avec dérisoire. Il préférait une réalité en demi-teinte qu'une chimère d'un blanc éclatant. Après tout, la réalité finit toujours par rattraper ceux qui veulent s'y dérober. Et plus on attendait, plus le retour était cruel et violent...
avant votre entrée fracassante. Fracassante ? Fracassante ?! Gauvain, déjà mal à l'aise, finit, cette fois, irrité. Il n'avait aucune envie d'être ici ! Mais il était, tout de même, entré pour s'assurer que la jeune de Sombreval était en sécurité, et pour ce faire la pousser à ressortir était le plus efficace.
Seulement, la voir ainsi l'accueillir avec si peu de gratitude lui était fort désagréable. La nonchalance de la jeune femme l'avait...énervé ? Oui, c'était ça : Gauvain était en colère, il fallait le faire !
« Pour l'amour du Grand Cornu, Gauvain, ressaisissez-vous. »
C'était chose faite, et plutôt deux fois qu'une ! Cette Ariane manquait vraiment de respect et de courtoisie. N'ont-elles pas des cours de bienséances les femmes ici ? Et pourtant, le jeune homme -que l'on forçait à se battre à la place - devait se tenir cents fois mieux qu'elle. Serrant le poing pour se retenir, Gauvain sentit monter en lui une rage étrange. C'était comme si son père prenait sa place dans sa tête, ce qui lui fit très peur. Mais Ariane allait vraiment trop loin tout de même !
Le jeune homme prit alors une grande inspiration, et le décors changea sous les ordres de la peste de Sombreval, laissant Gauvain retomber comme un soufflet.
« Veuillez m'excuser d'avoir altéré votre idée. Je ne me sentais pas à mon aise. »
Et bien voilà, c'était parfait ! le jeune de Rosset s'était énervé tant et si plus qu'il en avait gâché ce petit moment dans le havre de paix sorti de sa tête. Et tout cela à cause d'elle... Une forêt de pin en bordure de littoral avait remplacé son étendue infinie de liberté. Jetant un coup d'oeil sur les arbres, il remarqua que leur tronc étaient marqués, certainement par des bandits... Le rêve d'Ariane était donc un endroit endroit empli de violence, mais où on pouvait entendre les mouettes ! Soit ! Et puis, cet air saturé, tant par les pins que par le sel, écoeurait le jeune homme.
Non, vraiment, quant à leurs épousailles prochaine, mais pouvant être remises en question, Gauvain préférait laisser faire le destin. Mais, à l'heure actuelle, il était certain que jamais il n'aimerait cette femme ! Ceci dit, qui se mariait par amour chez les nobles ? Serrant le poing de rage, tant énervé par la situation que par cette femme, Gauvain aimait répondre à cette question par son propre prénom.

« Maintenant que vous êtes là, voudriez-vous rester et aller marcher un peu en ma compagnie ? »
Quoi ? Gauvain, abasourdit par cette proposition, en abandonna toute sa rage. Non qu'il eusse voulut la laisser partir. Non. Mais elle s'était juste échappée. Comme si sa colère avait été une eau qu'il tenait entre ses mains, et que la surprise lui avait fait tout lâcher. Un instant, il alla même jusqu'à imagine qu'elle était là, sa colère pas l'eau, juste à ses pieds, mais perdue à jamais. Et ce n'était pas plus mal : Ariane arrivait à le mettre dans des états qui contrariait tous les principes du jeune homme. Pour autant, il n'en avait pas oublié sa méfiance vis-à-vis de cette maudite salle. Alors, prenant une grande inspiration, il s'apprêtait à lui faire la morale et à la convaincre de sortir pour aller en cours. Mais, une fois ses poumons remplis d'air, l'odeur des pins et du sel lui monta à la tête, le faisant tousser, presque à en cacher ses entrailles. Dans toute cette montagne de toux, il ne parvint à articuler un seul mot.
"Oui."
Et il s'en serait bien passé ! Mais maintenant qu'il était dit, il était dit... Gauvain, terminant sa crise de toux, offrit alors son bras à son invivable promise, juste avant d'articuler autre chose.
"Mais promettez-moi qu'on ne s'écartera pas trop de la porte. Vous connaissez tout aussi bien que moi les risques que nous prenons en restant ici."
Se promener dans un endroit qui lui était toxique. Rien qu'à l'idée, Gauvain aurait donné son nom, son titre, et, surtout, sa promise pour y échapper. Mais ce genre de troc était malheureusement impossible. Alors, à défaut d'avoir autre chose, il priait pour ne pas avoir trop perdu de ses compétences en apnée...
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyMar 7 Avr - 10:15

En cet instant précis, loués soient le Grand Cornus et la Triple Déesse qu’Ariane ne fusse pas légilimens… L’eut-elle été, le rire qui aurait résulté de sa perception des pensées du jeune de Rosset auraient mis à mort leur relation, déjà plus que précaire. Heureusement pour l’engagement contracté par leurs pères, Ariane ne possédait pas cette fascinante faculté de lire dans l’esprit des gens comme dans un livre. En place et lieu, elle dû se contenter des différents stades de couleurs par lesquelles passait le visage de son vis-à-vis et d’interpréter. Sa colère, elle la perçut d’avantage à son froncement de sourcil qu’à la couleur de ses pommettes, cela dit. S’en émut-elle ? Pas vraiment. La sorcière n’avait que peu de considération pour les émotions des autres, et se moquait de susciter l’amour ou la haine. Beaucoup restaient persuadés que cette indifférence n’était qu’une façade… Aliénor savait que non. Au final, le plus grand challenge concernant la noble était de susciter chez elle la moindre émotion. Beaucoup avaient tenté de lui agripper le poignet et de l’attirer à eux, tenté de la ramener vers la terre ferme et de la contraindre à évoluer dans le même cercle qu’eux, rien n’y avait fait. Aucune âme dans cette école n’était parvenu à lui faire perdre contenance, à lui ôter son recul, à bander ses yeux pour leur soustraire le caractère ironique et décalé des situations. Maigres étaient donc les chances que la colère d’un homme dont elle n’attendait rien y parvînt. Mais, amoureuse de la paix et paradoxalement capable d’introspection, Ariane put se rendre compte qu’elle avait manqué de politesse et, si elle ne voulait céder tout de go aux désirs de Gauvain, en vint à la conclusion qu’un compromis entre son désir et le sien ne porterait préjudice à la dignité d’aucun d’eux deux. Bien sûr, assister au spectacle du jeune homme crachant ses poumons, donc hostile au paysage qui, à elle, lui plaisait, mais accepter malgré tout de l’accompagner en balade pour ne pas être mal élevé n’y était pas étranger. Il restait cependant préférable, et ce pour l’entretien de leur haine et dégoût mutuel, que ni l’un ni l’autre ne le relève.

C’est donc arborant une expression de parfaite neutralité qu’Ariane imposa un nouveau changement de décor, abandonna là sa robe humide, préférant celle tissée de nuages que la salle lui permettait de porter. Elle n’était pas inquiète quant à l’option de la retrouver, après tout, il était improbable qu’elle lui échappe dans un placard à balais. Mais pour l’heure, il n’était point question de se retrouver dans un réduit, entouré de sauts et de serpillères, non. A la gauche de Gauvain, un paysage de toutes petites collines, où s’enchaînaient prés verdoyants et champs de lavande, de tulipes, et autres fleurs odorantes. S’étendant à l’infini, ils rejoignaient un horizon qui se perdait en tâches de couleurs, jusqu’à se noyer dans un bleu cyan, pur. A la droite du jeune homme, Ariane. Son bras délicatement passé autour de celui, offert, de son vis-à-vis, sa pression était infime, témoin de l’inconfort de la jeune femme d’être en une telle position. La source de cet inconfort était cependant moins la proximité de Gauvain que le souci de lui imposer un contact de la part d’une personne qui ne lui inspirait que du dégoût. Quelque part, elle avait de la peine pour lui, était sincèrement navrée qu’on lui impose une compagne telle qu’elle… Avait-elle envie cependant d’alléger son fardeau en se montrant agréable, douce et spirituelle, comme elle savait parfaitement le faire ? Non. Certainement pas, si en étant odieuse, colérique et capricieuse, elle pouvait le dissuader de la marier, et ainsi, lui laisser une chance, bien que maigre, de faire un meilleur mariage. D’ailleurs, elle espérait que la concession qu’elle venait de faire concernant le décor ne mettrait guère à mal ses efforts pour se faire détester… Et, obstinée, elle se gardait bien de regarder son compagnon d’infortune, entretenant la distance qui existait entre eux, voire contribuant à son expansion.

En cela, elle espérait que son côté de la salle, puisqu’il s’agissait bien d’un compromis et non d’une reddition face à la toux de Gauvain, suffirait à maintenir la mise en évidence de leurs innombrables différences. En effet, si la plaine aérée avait fait son retour du côté de son promis, du sien s’écoulait maintenant un fleuve de taille modeste, bordée sur son autre rive d’une forêt telle que celle de Brocéliande. Seule une salle d’illusions était à même de concilier deux décors aussi diamétralement différents. Mais ce qui se déroulait dans cette salle y demeurait, méconnu de tous, non ? « Vous avez l’air d’être un homme facilement inquiet, Gauvain. » Si elle ne le regardait pas, lui préférant la flore s’épanouissant sur les rives du fleuve ou le cours de celui-ci, son ton était dénué de toute animosité, il était factuel. « Vous anticipez, n’est-ce pas ? » La question était purement rhétorique, Ariane en connaissant déjà la réponse. « J’anticipe également, vous savez. » Orgueilleuse, la sorcière aimait à se ménager des marges confortables, posséder toujours trois coups d’avance sur n’importe quelle situation. En l’occurrence… « Ne vous inquiétez pas pour la porte. Pour sortir, nous n’aurons qu’à imaginer un endroit particulièrement étroit avec une seule issue, comme un placard à balais par exemple, et nous ne pourrons faire autrement que de trouver la sortie. » Sûre d’elle, elle concéda un regard, fugace, à Gauvain. « Je connais effectivement les risques liés à cette salle, mais je ne les crains pas. Vivre dans un rêve ne m’intéresse absolument pas, je suis plus pragmatique que cela. Néanmoins, j’avoue ne pas voir le mal à profiter d’une récréation, loin d’Ormebois, pour une heure ou deux. » Le vrai piège, selon elle, restait la notion de temps. Cependant, elle faisait confiance, probablement à tort cela dit, à son appétit pour lui rappeler la nécessité de quitter cet endroit… En effet, Ariane avait beau être une Lady et cela avait beau être inconvenant pour les femmes de son rang, tout l’amour qu’elle refusait aux gens, elle le donnait à… la nourriture. Il était donc impensable pour elle ne sauter ne serait-ce qu’un repas, et comptait sur sa faim dévorante pour la rappeler à l’ordre en temps et en heure. Et puis, à un moment ou à un autre, il faudrait mettre un terme au calvaire de Gauvain, n’est-ce pas ?

Pour l’heure, rien ne pressait. Du moins, pas Ariane, qui, à défaut de profiter d’un feu de cheminée dans un décor intimiste fantasque, appréciait tout autant la balade à l’arrière-goût de liberté, sensation de liberté due, en grande partie, à sa tenue qui, si elle n’avait rien d’indécent, n’avait non plus rien de conventionnel. En soit, elle s’en souciait peu, trop heureuse d’être débarrassée l’espace d’une heure de la prison de protocoles et de bienséance qui allait avec son corset. La température était idéale, le décor incongru mais idyllique, l’air fraichement doux, et légèrement parfumé, soit tout pour se sentir à l’aise. « Je trouve quand même cela triste… » Laissa-t-elle pourtant tomber. « Cette salle a la possibilité de se plier à nos moindres désirs, de répondre à la moindre de nos excentricités, et nous sommes là, à marcher dans ce décor, très beau, mais monotone, vous en conviendrez… Si ce n’est que ça, autant aller dans le parc… » En démarrant ainsi, une seule conclusion s’imposait. Elle s’arrêta, retenant Gauvain par le bras pour qu’il lui fasse face. « N’avez pas envie d’un peu de fantaisie avant de retourner à la réalité ? N’avez-vous jamais eu envie de faire ou de voir quelque chose, sans en avoir la possibilité ? Je suis sûre que cette salle peut le faire pour vous… » Proposition à double tranchant. D’un côté, Ariane avait réellement envie de spontanéité, de nouveau, et de l’autre… Elle était dévorée de curiosité à l’encontre des envies refoulées de Gauvain de Rosset… Même si elle était certaine qu’il refuserait de les partager avec elle, elle ne perdait rien à essayer.
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyMar 14 Avr - 16:28

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Le souffle court et retenu, Gauvain sentit comme un poids s'envoler lorsqu'une rafraîchissante effluve florale vint caresser ses narines. A sa gauche, une superbe plaine, parcourues par de petites collines, s'étendaient à perdes de vu. Lavandes, tulipes, lilas, glycines, daturas, clématites, camélias, roses, jasmins, violettes, Ariane n'y était pas allé de main morte ! Toutes des plantes à fleurs plus odorantes les unes que les autres. Elles étaient très belles, colorées, parfumées, mais Gauvain regretta un peu qu'aucune d'entre elle n'ait de propriété vraiment intéressantes. On pouvait bien faire deux ou trois choses avec, mais rien de bien fulgurant. Gauvain préférait travailler l'ortie, la molène, le trèfle rouge, ou la bétoine, toutes de très bonnes plantes médicinales. Complémentaires, aux effets pas trop violents, mais assez marqués tout de même. Mais bon, comment en vouloir à la jeune de Sombreval pour s'être rabattu sur les plantes qui font plaisir aux yeux et non au reste du corps ? Elle faisait là un choix que bien des gens préférait. Et Gauvain, lui aussi, aimait parfois, laisser de côté ses connaissances pour se faire du bien aux pupilles, en toute innocence et humilité.
Se tournant vers cette étendue verdoyante et pure, le jeune homme respira à plein poumons, préférant oublier l'immense forêt derrière lui. Ariane en avait déjà fait beaucoup. Mais jamais elle n'aurait abandonné SON rêve pour autant ! Ça non ! Mais qui pouvait lui en vouloir? Partager était déjà bien. Même si, pour le coup, la situation était plutôt cocasse ! Accoler ainsi ces deux décors était comme rapprocher un brasier infini et des neiges éternelles ! Mais, attention ! Le feu ne s'éteignait pas, et la glace ne fondait pas non plus. Cela défiait toute logique, mais c'était superbe ! Seulement, traversant la tête de Gauvain tel un éclair foudroyant, une idée le bloqua. Ariane et lui étaient ils aussi comme une flamme pour un glaçon ? Certainement. Seulement, dans leur cas, rien ne garantissait que l'un n'éteigne pas l'autre, ou que l'autre ne fasse pas fondre l'un. Étaient-ils donc... toxique l'un pour l'autre ? A ça oui ! Ils n'étaient vraiment pas fait pour être ensemble. Pour le coup, le jeune de Rosset se demanda même s'il ne devait pas forcer un peu le destin... Et, l’attitude odieuse d'Ariane ajouté à ce sentiment fit naître une étrange idée dans la tête de Gauvain. Devaient-ils s'allier ? Précisément parce qu'ils se détestaient ? Pour ne pas avoir à se marier ? Après tout, en forçant dans le même sens, ils avaient plus de chance de faire céder la chaîne qui les liait.
"Vous avez l’air d’être un homme facilement inquiet, Gauvain. Vous anticipez, n’est-ce pas ? J’anticipe également, vous savez."»
Si je jeune homme s'inquiétait, c'était parce qu'il préférait prévenir que courir, ralentir plutôt que de souffrir plus tard. Après tout, rien ne valait d'aller trop vite, il suffisait juste d'avancer, pas après pas, comme il fallait et où il fallait. Parce que, à courir trop vite, on finissait par se blesser. Et, contrairement à ce qu'on pouvait penser, aucune plaie ne se refermait complètement. Même si Gauvain avait apprit à soigner du mieux possible, à guérir le mal et les blessures, il était adepte de la prudence. Pour lui, c'était le meilleure des soins, ne pas se blesser. Anticiper dans un sens. Même si les mots d'Ariane semblaient totalement hors de propos. De quoi était-il question ? A quoi faisait-elle référence ? A rien, peut-être bien... A faisait de l'esprit... Comme si elle avait à se méfier du jeune homme... Elle n'avait toujours pas comprit qu'ils étaient dans le même camps...
"Ne vous inquiétez pas pour la porte. Pour sortir, nous n’aurons qu’à imaginer un endroit particulièrement étroit avec une seule issue, comme un placard à balais par exemple, et nous ne pourrons faire autrement que de trouver la sortie."
Forcément, le jeune homme y avait aussi pensé. Seulement, il n'était pas connu pour sa maîtrise, et avait tendance à laisser ses pensées vagabonder là ou elles voulaient. Alors, se recentrer sur une seule petite pièce lui semblait impossible... Et, en même temps, il savait qu'Ariane se sentait en sécurité, elle pensait contrôler. Mais allait-elle vraiment vouloir sortir un jour ? Seul, et avec les pensées de le jeune femme qui parasitait les lieux, Gauvain n'avait aucune chance de les ramener. Alors autant ne pas s'éloigner tout de même...
"Je connais effectivement les risques liés à cette salle, mais je ne les crains pas. Vivre dans un rêve ne m’intéresse absolument pas, je suis plus pragmatique que cela. Néanmoins, j’avoue ne pas voir le mal à profiter d’une récréation, loin d’Ormebois, pour une heure ou deux. "
Soit, soit... Le jeune homme en doutait tout de même. Pour la jeune femme, la vie elle même n'était-elle pas un grand terrain de jeu ? Après tout, elle se jouait bien assez de lui. Ceci dit, pragmatique, elle l'était et bien trop ! Fatiguée, Gauvain refusant enfin d'entrer dans son jeu, ne répliqua pas. Il...mettait sa vie en danger, juste pour se libérer des griffes d'une femme?! Pire que des hippogriffes ces bêtes là !

Mais pour l'heure, il ne referait pas la même erreur deux fois. Refusant de s'énerver de nouveau afin de profité de son côté, il admira quelques instant cette étendue fleurie qui prenait place devant lui. Seulement, une chose le dérangeait... Il n'y avait rien... Pourtant, l'herbe était haute. Fermant les yeux, ils chercha un instants ses chers confrères, mais n'en trouva aucun... Pas un serpent à l'horizon. Ou peut-être était-ce parce que ceux de cette salle n'étaient pas réels ? Il ne les sentait pas parce qu'ils n'existaient pas vraiment ? Son don n'était donc pas trompé. Surprenant !
"Je trouve quand même cela triste…"
Quoi encore ?!
"Cette salle a la possibilité de se plier à nos moindres désirs, de répondre à la moindre de nos excentricités, et nous sommes là, à marcher dans ce décor, très beau, mais monotone, vous en conviendrez… Si ce n’est que ça, autant aller dans le parc… N’avez pas envie d’un peu de fantaisie avant de retourner à la réalité ? N’avez-vous jamais eu envie de faire ou de voir quelque chose, sans en avoir la possibilité ? Je suis sûre que cette salle peut le faire pour vous…"
Étrange proposition. Proposition déplacée aussi. Même si Gauvain n'était pas avar, et même partageur, demander cela de la part d'Ariane sonnait atrocement faux. Elle qui se cachait derrière des airs, qu'attendaient elle? Que le jeune homme se mette à nu devant elle ? Hors de question ! Pour autant, il y avait bien quelque chose que Gauvain aurait adoré voir. Et, l'ironie du moment lui en donnait précisément la possibilité !
Se retournant, il s'arrêta juste en face de sa promise, et ferma les yeux. Ça, comme ça...juste là...ici... et.. ah! Une seconde, il manqua de perdre sa concentration en imaginant la tête que ferait Ariane. Mais il se reprit. En un instant, il avait fait naître ce magistrale retour de bâton ! Rouvrant les yeux, des barreaux le séparait à présent de la jeune de Sombreval. Elle était enfermée dans une cellule de cachots. Et Gauvain, debout dans l'allée centrale, tenaient justement les clés des geôles entre ses doigts. L'air tout guilleret, et explosant de rire intérieurement, il était vraiment fière de son coup.
"Vous, la fougueuse Ariane, qui tenez tant à votre liberté, enchaîna-t-il, qui demande justement à être enfermée. Voilà une fantaisie à laquelle je n'ai pas pu résister. Vous m'en voyez navré! ajouta-t-il en pouffant de rire. Mais, conclut-il en levant les clés d'un air désinvolte, je dois avouer que, pour une fois, tenir les reines à votre place ne m'est pas désagréable !"
C'était un peu méchant il est vrai. Mais Gauvain faisait cela avec le plus grande innocence du monde ! Il n'avait simplement pas pu résister. Pour la beauté du geste ! Comme on dit. Et, là, son tour de force était bien plus beau qu'un acte charitable ou chevaleresque. Le jeune homme la savourait bien mieux en tout cas ! Non, il n'allait pas la laisser là. Juste le temps de voir sa réaction ! Et puis, il ne risquait pas de voir qui que ce soit souffrir. Ariane restait Ariane...
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyMar 21 Avr - 9:40

La proposition, si indécente de vive voix n’était qu’une ingénue invitation à la balade dans l’esprit de la jeune de Sombreval, sembla ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Si, en l’entendant, Gauvain sembla la jauger un instant avec suspicion, il ne fut pas difficile à convaincre, et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, se prêta au jeu. A quoi s’attendait la sorcière, exactement ? Elle n’aurait su le dire. A de l’évasion, indubitablement. A quelque chose de différent, d’Ormebois ou même de la France, à quelque chose d’impossible aussi. Rivières de miel, mont de cette substance au goût incroyable qu’on appelle le chocolat, vent poivrés… Autant de saveurs difficiles à conquérir, qui sublimaient pourtant n’importe quel plat… Oui, de la nourriture, encore. Quoi d’autre ? L’amour d’Ariane pour les plaisirs de la chair était tout sauf un secret. Il était cependant utopique d’attendre une telle chose de Gauvain, et c’était bien pour cela qu’elle avait voulu lui laisser l’opportunité de la surprendre. Et quelle surprise ! Indubitablement, elle ne s’attendait pas à ce retour de fortune !

Lorsque, devant ses yeux, se dessinèrent des barreau, qu’un courant d’air froid hérissa le duvet de ses bras, de sa nuque, et que le soleil qui régnait en maître jusque-là céda sa place à une pénombre difficilement estompée par des torches… Ses sourcils se froncèrent. L’espace d’un instant, d’un bref instant, elle fut contrariée… Mais, Ariane restant Ariane… L’esprit ironique de la situation ne tarda pas à lui exploser à la figure, balayant du revers de sa spontanéité toute trace d’inconfort. Aussi rapidement qu’il s’y était hissé, le mécontentement quitta ses traits. En place et lieu, sa bouche se fendit d’un sourire, grandissant, jusqu’à ce que, finalement, elle explose d’un rire cristallin, sincère. « Excellent trait d’esprit Gauvain, j’imagine que je l’ai mérité… » le complimente-t-elle, d’un souffle, bonne joueuse. Même sa mauvaise foi avait ses limites, et refuser de concéder à son vis-à-vis sa victoire éclatante se situait bien au-delà. Preuve en était, elle n’en finissait plus de rire. Les éclats étaient certes passés, mais de discrets gloussements trahissaient régulièrement l’amusement que lui procurait la situation. Qui plus est, son sourire jamais ne se fanait. Et, quitte à être enfermée, autant jouer le jeu un maximum.

Croisant négligemment ses bras sous sa poitrine, Ariane commença par inspecter les lieux d’un œil critique, pétillant. « Au moins m’avez-vous épargné la couche de paille, les odeurs et la crasse. » apprécia-t-elle, avec légèreté. « Si cette expédition m’avait valu des puces, vous auriez eu de mes nouvelles… » Enchaîna-t-elle avec humour, avant d’en revenir vers les barreaux. Saisissant ceux-ci à deux mains, elle cala son visage dans un de leurs interstices, toujours sans se défaire de cette expression de profond amusement. « Vos fantaisies ont tout de même quelque chose de malsain, très cher, navrée de vous le dire… De tous les endroits où vous auriez pu me confiner, c’est un cachot que vous avez choisi. J’en conclu que vous n’êtes pas la blanche colombe dont vous vous plaisez à revêtir l’habit. Du moins, pas tout à fait. » Selon elle, s’il avait vraiment voulu se débarrasser d’elle sans la tuer, c’est au sommet d’une tour qu’il aurait dû l’enfermer, où il ne l’aurait même plus jamais vue. Le cachot avait cet aspect visuel qui induisait, selon elle, un certain triomphe, triomphe qui éclatait sur le visage du sorcier. Cette unique dimension le rendait un rien malsain, laissait trahir juste une infime pincée de perversion. Mais soit. Question déviance, il y avait largement pire, Ariane ne risquait pas de se choquer pour si peu.

Le masque de l’amusement commençant finalement à s’estomper, la sorcière sentit celui de l’indifférence reconquérir le territoire que le premier abandonnait, sa robe de blase s’emparer à nouveau de ses épaules. Arrachant son visage aux barreaux, elle ne fit même pas mine de tendre la main vers les clés que tenait Gauvain. Ce n’est pas comme si elle ne pouvait se libérer toute seule. Elle préférait cependant laisser à son partenaire l’opportunité de la libérer… Ou pas. Mais avant, il y avait une chose qu’il avait dite qui méritait quelques précisions, selon elle. Aussi, après avoir regagné le centre de l’étroite cellule, elle se retourna vers le jeune homme et ancra une main sur sa hanche, à la fois défiante et… Compatissante. « Ne prenez pas mal ce que je vais vous dire Gauvain, et surtout, ne vous méprenez pas sur mon compte. Je suis parfaitement à même de reconnaître vos qualités, et sais que vous êtes un homme louable, d’honneur, et pense donc que vous méritez pour cela d’être heureux en ménage… Le fait est que les femmes comme moi ne sont pas à même de rendre heureux les hommes comme vous. Ce dont vous avez besoin, c’est d’une femme douce, aimante, qui prendra soin de vous autant que vous prendrez soin d’elle et c’est tout ce que je vous souhaite. Avec une telle femme, vous n’aurez pas à vous battre ou à user de subterfuge comme celui-ci… » Du bout des doigts, elle désigna la prison. « … pour tenir les rênes, comme vous dites. Moi, je ne cesserai jamais de vouloir les tenir, que je le veuille ou non, ce qui rend la chose… Délicate. » Délicate, pour ne pas dire conflictuelle. Dans les perles d’onyx de la jeune sorcière, un éclair de tristesse. A cause de son caractère trop difficile, elle savait que sa vie n’aurait rien d’un parcours de santé, qu’elle rendrait la vie impossible à celui qui serait assez fou pour l’épouser, avec des chances inexistantes d’être un jour heureuse en ménage. Autant que l’homme en question mérite les tourments que ne manquerait pas de lui infliger Ariane, ce qui était loin d’être le cas de Gauvain. « Mais si je peux me permettre un conseil, qui pourrait vous être utile… Quand vous l’estimez nécessaire, et j’ai confiance en votre jugement pour dire une telle chose, il ne faut pas hésiter à vous imposer. Après tout, il n’y a que dans le conflit qu’on se teste réellement et qu’on progresse. » Conseil gratuit, dont l’utilité était laissée libre à l’appréciation du jeune homme. Ceci étant dit, la sorcière, dont la robe de lin avait été échangée par un sac en toile de jute et autres loques pour l’occasion, ferma son caquet et laissa son vis-à-vis décider de son sort. Elle espérait simplement qu’il n’aurait pas l’idée de l’abandonner là, ce qui serait la chose la plus intelligente à faire, à défaut d’être morale. Après tout, la disparition « tragique » de la fiancée était le moyen le plus diplomatique d’annuler un mariage.
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MessageSujet: Re: Le Gauvain de Schrödinger    Le Gauvain de Schrödinger  EmptyLun 27 Avr - 18:55

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Et, même si Gauvain commençait à s'habituer à la froideur désinvolte de la jeune de Sombreval, cette dernière parvint encore à le surprendre en éclatant d'un étonnant rire cristallin. Se moquait-t-elle donc de tout au point de rire de son propre sort ?
« Excellent trait d’esprit Gauvain, j’imagine que je l’ai mérité… »
Était-ce... un compliment ? Incrédule, le jeune de Rosset n'en revenait pas. Était-ce sincère ou pas ? Ça, il ne pouvait même plus le dire. Face à Ariane, il était cruellement désarmé, ne sachant que penser de ses moindre faits et gestes. Sa promise lui était opaque, inconnue, et mystérieuse, ce qui devait un peu amuser le jeune femme d'ailleurs ! Cette dernière, en fait, n'en finissait plus de rire, et un grand sourire semblait comme éternellement collé à son visage. Elle se payait presque la tête du jeune homme ! Enfin, cela c'est ce qu'il pensait... Alors cela devait être loin de la réalité...

Croisant ses bras sur la poitrine, elle fendit d'un coup la satisfaction de Gauvain. Ça semblait l'amuser ! Incrédule, le jeune homme se décomposa lentement en imaginant ce qu'elle allait bien pouvoir trouver...
« Au moins m’avez-vous épargné la couche de paille, les odeurs et la crasse.  Si cette expédition m’avait valu des puces, vous auriez eu de mes nouvelles…  »
Abandonnant d'un coup ses craintes, le jeune imprégné laissa échapper un léger rire innocent. Il fallait l'avouer : c'était drôle ! Et, qui plus est, Ariane se moquait, dans un sens, d'elle même, ce qui témoignait d'une certaine force d'esprit. Callant la tête entre deux barreaux, elle ressemblait à une de ces gamines qui en faisait volontairement trop pour amuser son auditoire. Et elle y parvenait aisément !
« Vos fantaisies ont tout de même quelque chose de malsain, très cher, navrée de vous le dire… De tous les endroits où vous auriez pu me confiner, c’est un cachot que vous avez choisi. J’en conclu que vous n’êtes pas la blanche colombe dont vous vous plaisez à revêtir l’habit. Du moins, pas tout à fait. »
Se figeant pendant quelques instants, Gauvain finit par accepter de bon cœur la remarque, riant plus de lui même plus qu'autre chose. Au fond, il savait qu'il l'avait enfermé dans un cachot par convention - cela restait une image commune, que tout le monde avait en tête lorsqu'il s'agissait d'enfermer quelqu'un -, mais forcé d'admettre que, du point de vue d'Ariane, cela pouvait paraître pervers.

L'ambiance était presque bonne, mais c'était sans compter sur le jeune de Sombreval. Quittant peu à peu le masque du rire, elle reprit celui de l'indifférence, au grand damne du jeune de Rosset... Retournant au centre de sa cellule, elle balaya d'un coup toute la joie qui illuminait le visage du jeune homme. C'était trop beau pour être vrai...
« Ne prenez pas mal ce que je vais vous dire Gauvain, et surtout, ne vous méprenez pas sur mon compte. Je suis parfaitement à même de reconnaître vos qualités, et sais que vous êtes un homme louable, d’honneur, et pense donc que vous méritez pour cela d’être heureux en ménage… Le fait est que les femmes comme moi ne sont pas à même de rendre heureux les hommes comme vous. Ce dont vous avez besoin, c’est d’une femme douce, aimante, qui prendra soin de vous autant que vous prendrez soin d’elle et c’est tout ce que je vous souhaite. Avec une telle femme, vous n’aurez pas à vous battre ou à user de subterfuge comme celui-ci pour tenir les rênes, comme vous dites. Moi, je ne cesserai jamais de vouloir les tenir, que je le veuille ou non, ce qui rend la chose… Délicate. »
C'était donc cela... Ariane était une femme forte, ce que Gauvain ne pouvait nier, mais semblait maudire les dieux parce qu'elle n'était pas reconnue à sa juste valeur. Malheur que, au plus grand damne du jeune homme, bien trop de femme rencontraient. Et lui qui, au fond, n'en voulait pas, des reines... Il enrageait intérieurement. Pas contre Ariane, ni même contre lui même, mais contre le destin. Ce destin qui le forçait à être un homme solide, là où on attendrissait à coup de massue les femmes de roc comme Ariane. Pourquoi se plier à cela ? La société, dirait-on...
« Mais si je peux me permettre un conseil, qui pourrait vous être utile… Quand vous l’estimez nécessaire, et j’ai confiance en votre jugement pour dire une telle chose, il ne faut pas hésiter à vous imposer. Après tout, il n’y a que dans le conflit qu’on se teste réellement et qu’on progresse. »
Fort juste et judicieux. En fait, Ariane ne détestait pas Gauvain, ce qui le laissa pantois ! Ariane le ménageait, là où, lui, il faisait preuve d'une cruelle nervosité. Il s'en rendait compte. Leur petit altercation dissimulée en avait, en fait, apprit assez au jeune homme.

Fermant les yeux, il sentit peu à peu une douce brise caresser sa peau. Tout autour de lui, une plaine verdoyante s'étendait. De ci de là, quelques arbres montraient le bout de leur feuilles. Au loin, quelques collines et montagnes trônaient avec fierté. Sur sa droite, un ruisseau coulait, pour finalement passer derrière le jeune homme, et se jeter dans une mer si s'étendait sur sa gauche. Par delà le ruisseau, une belle forêt de sapins prenait place. Mais nulle odeur ne gênait le jeune de Rosset. Devant Gauvain, une cellule, plantée dans la terre, enfermait toujours Ariane.
"Malsain, si vous voulez, déclara-t-il d'un ton étonnamment posé, mais sans aucune intention de l'être Ariane, je vous l'assure. Nulle volonté de vous paraître dur ou mauvais ne m'habite également. Mais c'est ce que l'on attend de moi. Si n'en tenait qu'à mon jugement je vous les laisserais de bon cœur, et m'en laverais les mains une bonne fois pour toute. Mais que voulez vous, un héritier reste une héritier, et se doit d'être fort, ou fortement sourd et stupide si vous voulez mon avis. Je suis de ceux qui pense qu'écouter ne coûte rien, et peut, au contraire, rapporter beaucoup. Ariane, je n'ai aucune envie de vous brimer, ni même de vous enfermer. S'il n'en tenait qu'à moi je me laisserais même bâillonner sans résistance. Mais si je le faisais, je blesserais mon père, et tout les hommes qui ont porté le nom des de Rosset avant moi. Ainsi, à défaut de pouvoir vous laisser les pleins pouvoirs, je ne peux que le partager avec vous. En espérant que cela vous suffise."
Et, sans fermer les yeux cette fois, le jeune homme fit disparaître la cage, et changea les guenilles que portaient Ariane en une splendide et légère robe d'un rouge pâle orné de broderies en file d'or. Lui ne changea pas de vêtements : il ne le méritait pas. D'ailleurs, il en ôta, malgré lui, quelques fioritures qui devait, apparemment, faire beau.
Mais, ayant enfin parlé à cœur ouvert, Gauvain se sentait léger, libéré. Offrant à la douce et rebelle hirondelle de Sombreval un peu de lumière, il se sentait étonnamment bien. Il avait quelqu'un sur qui se reposer, enfin il l'espérait.
Il était temps de lâcher les oiseaux. Les blanches colombes n'avaient que trop attendues.
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