Vous entrez dans la bibliothèque en poussant la porte délicatement, tentant de faire le moins de bruit possible. Pourquoi êtes-vous là ? Peut-être avez-vous des recherches à faire pour le cours de métamorphose. Peut-être venez-vous pour obtenir plus d'informations sur Ornebois, et peut-être que vous comptez vous installer à une de ces petites tables en bois, afin de consulter un vieux livre d'histoire. Peut-être voulez-vous apprendre un nouveau sort -un sort si dévastateur qu'on ne le trouve que dans les livres de la plus haute étagère- pour pouvoir, enfin, donner une bonne leçon à votre pire ennemi. Peut-être encore que tout cela n'est qu'une excuse pour être près d'une fille que vous "aimez bien" et l'observer à votre guise. Enfin, peut-être est-ce juste le bon moment pour passer dire bonjour à la bibliothécaire (qui s'empressera alors de vous conseiller mille et une lectures), ou simplement pour profiter des fauteuils confortables, de la fraicheur, du calme... et du doux bruit d'un livre qu'on feuillette. Il y a trop de raisons de venir à la bibliothèque d'Ornebois pour deviner ce que vous faites là.

Il existe à Ornebois un lieu, plus précisément une salle, que tout le monde aimerait posséder chez lui. Une pièce, d'une grande renommée, connue dans toute la France et, d'après ce qu'on en sait pour l'instant, unique en son genre. Une pièce, que les plus soupçonneux convoitent particulièrement, car ils n'auraient plus à se torturer indéfiniment pour savoir si leurs amis leur disent la vérité. Cette salle, c'est celle des menteurs. Ce qui est un peu paradoxal, je vous l'accorde, puisque personne ne peut prononcer un seul mensonge lorsqu'il est à l'intérieur. Vous aurez beau essayer, les mots se bloqueront dans votre gorge, refusant de sortir. Plus vous vous acharnerez, plus cela sera douloureux, et si vous n'abandonnez pas, il est fort possible que vous finissiez par vous évanouir, mis à terre par votre incapacité à dire la vérité. Les élèves utilisent régulièrement cette salle pour régler des conflits, démasquer un voleur ou un tricheur... ainsi, si en marchant dans les couloirs du deuxième étage, vous entendez des cris, ne vous inquiétez pas : quelqu'un a sans doute été obligé d'arrêter de mentir, et ce qu'il a avoué n'a pas plus à tout le monde. Cela a beau être pratique, ce qu'on découvre dans la salle des menteurs reste souvent en travers de la gorge.

Un grand rideau de velours rouge, lisse et brillant qui s'abaisse et se lève d'un simple coup de baguette. Une estrade en bois de chêne, sur laquelle on n'est pas à l'abri de quelques échardes. Des rangées de chaises et de fauteuils, ces derniers se trouvant près de la scène, pour les familles les plus riches et puissantes : on observe ensuite un dégradé, les sièges étant de moins en moins confortables, les broderies sur les tissus de moins en moins travaillés, le velours de moins en moins doux. Tout au fond, il n'y a plus que de simples chaises en bois dur, sur lesquelles les cracmols des familles sorcières peuvent s'asseoir, se dandinant en vain afin de trouver une position moins douloureuse pour leurs dos. Oui, vous vous trouvez bien dans la salle de représentation. De temps en temps, les jeunes filles montrent leurs talents nouveaux en musique à leurs parents ravis de vérifier que les envoyer à Ornebois n'est pas inutile. Parfois, ils peuvent aussi admirer les élèves danser le menuet, la valse ou toute autre danse de salon, qu'il est indispensable de maîtriser. Enfin, la magie n'y est pas ignorée, puisque garçons et filles peuvent y montrer leur talent en sortilège et métamorphose le temps d'une soirée.

Le couloir de l'infortune ne mène nul-part, ou plutôt à un simple mur de briques, rugueuses et coupantes. Toutefois, ce n'est pas la seule raison pour laquelle personne ne l'emprunte. En effet, si élèves et professeurs l'évitent, c'est parce que tout peut y arriver... et surtout de mauvaises surprises. Si vous y allez, vous ne manquerez pas de trébucher, alors que rien ne se trouvera sur votre passage, vous vous foulerez la cheville, vous tordrez le bras ou vous casserez la jambe si votre malchance est à son comble. Si vous y utilisez vos pouvoirs, la magie elle-même semblera vous prendre pour cible : un simple Lumos pourra faire exploser votre baguette, tandis qu'un sort plus compliqué se retournera à coup sûr contre vous. Si vous vous y arrêtez pour vous recoiffer, ou vérifier vos vêtements, il ne manquera pas de pleuvoir, ruinant votre coiffure. Un pigeon pourra aussi apparaître, voler au-dessus de vous et faire ses besoins sur votre toute nouvelle cape. Enfin, si vous y retrouvez quelqu'un, attention : les amitiés y finissent toujours mal, les ennemis y découvrent d'autres raisons de se détester... et les personnes en couple, eh bien, elles le sont rarement encore lorsqu'elles quittent ce couloir.

Au premier étage, on ne trouve que les salles de classe pour les cours spécifiques aux demoiselles : tissage magique, bienséance et musique. Les salles sont grandes, lumineuses, et sans doute les plus chaleureuses. On peut observer, sur les murs, les œuvres d'art des élèves (qu'il s'agisse de tissus brodés ou de peintures), des partitions compliquées et des parchemins rappelant quelques règles de politesse. Cependant, il ne faut pas pour autant croire que ces cours sont des moments de détente. En effet, les fils et rouets magiques, les précieux instruments de musique, et les quelques instruments de torture pour se tenir droit sont là pour nous le rappeler : les filles aussi travaillent dur. D'ailleurs, c'est souvent le dos endolori de s'être tant penchées, les doigts blessés par les aiguilles et les jambes lourdes que les jeunes élèves sortent de ces salles de classe.

Ces appartements sont strictement réservés au personnel d’Ornebois et ne sont pas accessible aux élèves. Il est inutile d’essayer d’y pénétrer : vous seriez d’abord stoppé par un mot de passe puis par une gargouille posant trois énigmes des plus ardues. Le personnel, en revanche, a la chance de bénéficier d’une vaste salle à manger circulaire commune avec vue sur le parc. Chaleureuse, une vaste table y est installé afin d’y prendre les repas mais aussi de discuter autour d’un jus de citrouille. Chacun ayant le droit à son intimité, des sortilèges d’extension ont été lancé sur les lieux. Ainsi, chaque enseignant possède son propre espace constitué de trois pièces distinctes : la chambre, la salle de bain et une pièce dont l’utilité est laissée au choix de la personne.