don't think too much

almarian de broerec & amara de landore

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Deux mois. Deux mois s'étaient écoulés depuis ces évènements si douloureux. Il avait fallu du beaucoup de temps à chacun afin de sécher les larmes et de penser les cœurs blessés, afin de ré-apprendre peu à peu à vivre. A nouveau. Et si l'histoire avait apporté à Amara bien des connaissances sur l'essence même de l'humanité, elle savait que l'une de ses principales caractéristiques était qu'elle réussissait toujours à aller de l'avant. Se relever à chaque instant, peu importe la violence des coups assénés, peu importe le poids du chagrin. Alors elle se devait de l'appliquer. Pour elle, pour son amie qui avait vaillamment tenté d'apporter son aide durant l'attaque. Les deux jeunes femmes en restaient aujourd'hui encore très troublées, le traumatisme était bien trop présent et elles n'avaient jusqu'à  aujourd'hui, pas vraiment eu le cœur à passer de bons moments, ensemble. Alors Amara avait pris les devants. Elles étaient bien confortablement installées à l'une des tables rondes de la salle des banquets, savourant alors quelques coupes de fruits de la saison lorsque la jeune de Landore s'était levée en un bond, un sourire accroché aux lèvres, ordonnant à sa chère amie de partir s'habiller chaudement puisqu'elle comptait l'emmener à Verteroche. Prendre du bon temps. Enfin. C'est donc intriguée que cette dernière l'avait écouté et suivi jusqu'à l'auberge du Doxys Grognon, où Amara l'avait entrainé dans des danses les plus folles, allant s'asseoir de temps à autre au milieu de groupes d'élèves d'Ornebois afin de commander des coups à boire. Elles devaient oublier toutes ces pensées néfastes, ne serait-ce que le temps d'une soirée, quitte à négliger également les normes qui voulaient que des femmes de leur naissance ne devaient pas se laisser aller de cette façon. Peu importe l'image qu'elle donnait d'elle en ce moment, Amara savait qu'elle avait eu raison dès l'instant où elle avait vu un sourire amusé se dessiner sur le visage d'Almarian. Et rien d'autre n'auraient pu plus la rendre heureuse. « Allons, la soirée n'est pas terminée... » avait-elle finit par lui annoncer, près d'une heure après leur arrivée. Elle lui prit la main et l'entraina une fois de plus à l'extérieur de l'auberge. « Il est temps de passer aux choses sérieuses. » Et elle marchèrent ainsi une dizaines de minutes dans les ruelles sombres et froides du village, en direction du pub des Deux Magyars.

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almarian de broerec & amara de landore

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Des rires rauques s'échappaient au fond de la salle tandis que les effluves d'odeurs d'alcool venaient chatouiller les sens d'Amara, déjà bien enivrée. Elle sentait encore ce liquide d'or lui brûler la gorge, la plongeant dans un état des plus euphoriques. Rares étaient les occasions durant lesquelles la jeune femme se laissait aller aux jeux de la boisson, jugés peu adaptés à une sorcière d'une naissances aussi noble que la sienne. Mais peu importe, elle aimait cette ambiance calme, certes plus étouffante mais également moins... enfantine. « Tu es sure que c'est une bonne idée ? » lui demanda son amie, lorsqu'elle pénétrèrent dans le pub. Amara fronça les sourcils et lui fit face. Almarian avait la fâcheuse tendance à s'inquiéter un peu trop dès qu'elle ne suivait pas les règles qu'elle avait toujours appliqué à la lettre, au plus grand damne de son amie. Elle lui prit alors délicatement la main et s'éloigna d'elle, afin de l’entraîner vers une table libre, quelques peu en retrait du reste de la salle. Ses traits crispés laissèrent peu à peu place à un étrange et doux sourire. Bien entendu qu'elle savait ce qu'elle faisait, elle l'avait même toujours su et garder le contrôle avait toujours été dans ses cordes. Du moins... avait-elle réussi à s'en persuader elle-même, avec le temps.

« Cesses donc de faire cette tête ! Je peux t'assurer que tu t'apprêtes à passer la plus belle de tes nuits. Aies confiance en moi... » lui répondit-elle enfin et comme pour illustrer ses propos, son visage pris une forme plus arrondie et son nez se retroussa. Ses cheveux quant à eux, s'éclaircirent afin de prendre une teinte plus vive, plus provocante, s'approchant de l'acajou. Amara n'avait à présent plus rien de la jeune femme qui s'était tenue quelques instants plus tôt devant Almarian, si ce n'est que son regard, d'un gris anthracite, qui n'avait pas changé. Elle tenait toujours à garder une part d'elle-même. Sans plus attendre, elle adressa un signe au tavernier et lui commanda deux nouvelles boissons, qui leur fut servie dans de petites choppes quelques minutes plus tard. « Ne t'en fais pas, ils ne sont pas ici. » avait-elle fini par ajouter, comprenant pertinemment les principales raisons de l'inquiétude de son amie. Elle s'était voulue rassurante, ses paroles ne sonnaient pourtant que comme des regrets. Et pour éloigner toutes ces pensées néfastes qui s'emparaient peu à peu d'elle, elle porta la choppe à ses lèvres, déterminée à se perdre une fois de plus dans ce breuvage doré.  Après ces longs mois passés à se torturer l'esprit, elle en était venue à la conclusion que s'oublier soi-même était certainement le meilleur moyen pour ne plus y penser, se perdre dans des jeux auxquels elle n'avait plus pris part depuis fort longtemps et y entraîner cette-fois, de façon aussi égoïste qu'elle pouvait être, Almarian, afin de ne plus être seule. Pas cette fois.