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 Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive

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Finnagán Méhée
Les protecteurs de Brocéliande
Finnagán Méhée

Parchemins : 11
Pseudo : Kementari
Avatar : Sam Heugan
Disponibilité : variable, en moyenne 3/7


Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive Empty
MessageSujet: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyDim 11 Jan - 0:53

Finnagán Méhée

We gladiate but I guess we're really fighting ourselves
NOM DE FAMILLE: Méhée, forme francisée de Ma'ay, nom originaire de la lointaine Irlande. Une famille arrivée une génération plus tôt dans le lointain Poitou, une famille dont il ne porte que le sang et le nom, rejeté par ceux-là même qui l'ont amené au monde. PRÉNOM(S): Finnagán, nom celte signifiant "pâle", qu'il reçut en raison de la peau pâle héritée de sa mère et de sa constitution chétive à la naissance. Ruadhán, nom celte signifiant "rouge, roux", et qu'on lui donna en surnom dès que sa tignasse eut assez poussé pour qu'on voie sa couleur feu. Alastar, équivalent celtique d'Alexandre, nom qu'il tient d'un de ses ancêtres, et par lequel on l'appela toute sa jeunesse auprès des Lusignan, car de ses trois patronymes, il était le plus proche de la langue de France. ÂGE: Né au crépuscule d'un automne flamboyant, il y a  trente années de cela. LIEU DE NAISSANCE: De l'endroit où il vit le jour, l'on ne sait rien sinon qu'il vient, comme ses parents, d'au-delà de la Mer, sur l'île que convoitent tant les Anglais et que l'on nomme Irlande. CLASSE SOCIALE: Sa famille est tout ce qui a survécu d'un grand clan d'Irlande, et appartient aujourd'hui à la petite noblesse française, vassaux mineurs des Lusignan. Rejeté par une famille qui craignait la différence de l'enfant, il doit à la bonté du Seigneur de Lusignan d'être encore en vie. Il vit en lui ce que les autres n'avaient pu comprendre, et fit du jeune enfant son pupille, le rattachant par le coeur et le droit à une famille de la noblesse du Poitou. ASCENDANCE: Pour son bien (et celui de la famille), il fut décidé par ceux qui l'adoptèrent que personne ne connaîtrait sa véritable ascendance, aussi tous sinon la famille la plus proche le croient sang-mêlé; mais il est en vérité un né-moldu, quoique ses origines du côté de sa famille de sang se soient perdues dans les méandres de l'oubli, et qu'à ce jour il se pourrait bien qu'il compte des sorciers dans les ancêtres de son clan irlandais. PROFESSION: Suivant les pas de ce frère aîné adoptif qu'il admire depuis toujours, il est parvenu à grands efforts à intégrer la Garde de Tréccesson SITUATION MARITALE: fiancé à la seule fille de ceux qui l'adoptèrent, il ne s'agit là que d'une illusion destinée à éloigner les prétendants de la plus précieuse des Lusignan. DEMEURE: De nature joyeuse et profondément altruiste et sensible, il était logique qu'il soit amené à porter les armories vert et argent de la Demeure de Lancelot durant son apprentissage. BAGUETTE: Sculptée dans du bois de Cèdre, elle abrite en son coeur un crin d'abraxan et est longue de vingt-quatre centimètres. Une baguette constante et robuste, mais maniable, que sa composition rend particulièrement adaptée aux sortilèges, particulièrement de protection. PATRONUS: Un grand corbeau, symbole guerrier mais aussi porteur de sagesse et de connaissance. EPOUVANTARD: Enfermé dans un cachot et promis au bûcher alors qu'il n'avait pas 8 ans, la vision floue de ce qu'il pensait être son bourreau a tant marqué son esprit d'enfant que son épouvantard a gardé cette forme : celle d'une silhouette capée noire à contre-jour, portant un flambeau, symbole de ce sentiment d'enfermement, de désespoir et d'impuissance, qui reste aujourd'hui sa plus grande peur. PARTICULARITÉ SPÉCIALE: Il a fait très tôt preuve d'une (trop) grande affinité avec les corbeaux, oiseaux de malheur pour les Moldus. C'est ce talent inné de courbelangue qui lui a valu le rejet violent de ses parents.
Le miroir de Viviane
Il est le fils d’un couple d’irlandais venus chercher refuge en France auprès de cousins ayant émigré une génération plus tôt. Derniers survivants d’un clan prestigieux de l’île celte et fuyant précipitamment les raids anglais, ils intègrent la petite noblesse dont font partie leurs cousins sans trop de difficultés et devinrent les Méhée.   Les légendes de magie celtique appartiennent à l'histoire du clan, ces affabulations qu’on raconte aux enfants au coin de feu, ces légendes d’ancêtres chevaliers et mages, et les parents plaisantaient toujours en disant que Finnagán tenait ses cheveux roux de la bénédiction des esprits des terres sauvages de leur Irlande natale. Pourtant, la plaisanterie tourna au vinaigre lorsque l’enfant de huit ans se mit à attirer et à parler aux corbeaux. Ses parents l’enfermèrent sur les conseils du prêtre, et Finn garde de cette brève mais violente époque une claustrophobie tenace et la forme de son épouvantard. Devenu pupille de la famille de Lusignan, il grandit parmi les propres enfants du seigneur et finit par être considéré comme l’un d’eux. Il sera reconnaissant à jamais pour cela, et sa loyauté envers les de Lusignan est sans faille et éternelle. Il montra très tôt la volonté de connaître les coutumes de sa terre d’origine, et il eut la chance de recevoir les enseignements d’un druide lui aussi réfugié d'Irlande, qui lui appris les coutumes de son pays, majoritairement transmises oralement. Il tient de cet apprentissage dans sa jeunesse un rapport particulier à la nature, vestige de cette tradition celtique pure. Il apprit aussi le gaélique, qu’il se force à pratiquer pour ne pas en perdre l’habitude. Bien que l’apprentissage de la lecture se révéla quelque peu laborieuse pour le jeune Finn, il peut aujourd’hui passer des heures entières plongé jusqu’au cou dans des livres. Et les Dieux puissent-ils prendre en pitié celui qui le lancera sur l’explication et l’analyse de l’une de ses lectures, car il se pourrait que le curieux ne survive pas à l’exposé passionné dont Finn lui fera part. Marchant dans les pas du fils aîné des de Lusignan, qu’il admire depuis l’instant où il a été intégré à la famille, il s’est investi corps et âme dans son apprentissage de chevalier, aspirant dès le début à intégrer la Garde de Trécesson. Des années d’entraînements en ont fait un spadassin très doué. Son style de combat étonne souvent, car il préfère la finesse de deux lames effilées à la force d’une épée bâtarde, mais l’adversaire qui pourrait en sourire ne le fera pas longtemps. Finn est aussi excellent cavalier, et passe parfois sans s’en rendre compte des heures à cheval. Il a une affection particulière pour les chevaux : il ne négligera jamais sa monture et jeune, il lui est souvent arrivé de dresser les jeunes chevaux avec ses frères. L’expérience lui a appris que les meilleurs chevaux sont souvent les plus caractériels, et c’est ceux-là qu’il favorise… au prix de chutes souvent douloureuses. Bien qu’il ait été adopté dans les cœurs de toute la famille de Lusignan, Finn sait où est sa place et n’a pas la prétention d’aspirer à autre chose. Il sait par exemple qu’il n’héritera probablement de rien, et jamais il ne demandera rien de la sorte, déjà trop reconnaissant de ce qu’il a reçu. Il sait qu’il ne sera jamais sur un pied d’égalité avec ceux qu’il considère comme ses frères, et jamais il n’aura l’arrogance de prétendre le contraire. Il sait aussi que ses fiançailles avec Melizenn ne sont que factices et servent uniquement à protéger la jeune fille de demandes en mariage impossible à refuser, et jamais il n’osera penser qu’il pourrait en être différemment. Il est son bouclier, et il n’en sera jamais autrement. Leur relation ne sera jamais que celle d’un frère et d’une sœur… ah ! parfois, il aimerait pouvoir s’en convaincre totalement, pour ne plus devoir s’en rappeler sans cesse.
Sous la cape de Merlin
QUELLE IMPORTANCE ACCORDEZ-VOUS A L'ASCENDANCE DES SORCIERS, AU STATUT DU SANG ? Il serait bien tenté de répondre ‘’aucune’’, mais ce serait là un mensonge, du moins en partie. Comment n’accorder aucune importance au sang lorsque celui-ci a failli vous condamner à un sort funeste dans la petite enfance ? Finn est l’un des rares né-moldus à avoir réchappé au massacre dont souffrent ses semblables, et cela uniquement grâce à la bienveillance d’une famille de sang-pur le faisant passer depuis toujours comme un sang-mêlé. Etrange ironie que celle de cette histoire de sang, n’est-ce pas ? Finn ne supporte pas que l’on définisse un être en fonction de son ascendance. Peu importe le sang qui coule dans les veines d’un être humain, c’est à chacun de prouver sa valeur ou d’illustrer sa médiocrité. Dans un cas comme dans l’autre, le sang n’y est pour rien.

QUE PENSEZ-VOUS DES MOLDUS, DE LA CHASSE AUX SORCIÈRES ? LES CRAIGNEZ-VOUS ? Durant des années, Finn les a craint plus qu’il est possible de l’exprimer. Chaque bûcher ou chasse au sorcières auquel il assistait bien malgré lui déclenchait chez lui des jours de mutisme, et il lui fallut plusieurs années pour parvenir à composer avec la traumatisme de son enfance. Aujourd’hui il jette toutes ses forces dans le combat contre ce genre d’injustices profondes. Il sera toujours le premier à se porter au secours d’un sorcier, pour la simple et bonne raison qu’il est de ceux qui furent pourchassés et qui échappèrent de justesse à la sentence. L’ignorance et la haine des Moldus ont déjà coûté trop de vies, sorcières ou pas (car combien de fois ces chasses aux sorcières aboutissent-elles à des condamations sans fondement ?), et les chasses aux sorcières qu’elles engendrent ravivent chez Finn une peur qui ne le quittera probablement jamais totalement...

AVIEZ-VOUS DÉJÀ ENTENDU PARLER DU CERCLE DE PRYTWEN ? QU'EN PENSEZ-VOUS ? En tant que Garde de Trecesson, les actions de ce groupe en font un ennemi aussi vicieux que mystérieux. De son point de vue personnel… il a quelques difficultés à bien saisir où ils veulent en venir. Ne murmure-t-on pas qu’ils cherchent vengeance pour les actions des Moldus ? Répondre à des mésactions commises par ignorance et peur par davantage de peur est-elle la solution qui apportera la paix ? C’est improbable. Répandre davantage de mort et de peur ne fera qu’enflammer les haines respectives, et la situation ne fera qu’empirer jusqu’à glisser totalement hors du peu de contrôle sous laquelle on la maintenait encore. Mais peut-être est-ce au fond ce qu’ils recherchent ? Allez savoir. Une chose est certaine : le monde, sorcier comme moldu, se porterait mieux sans ce genre de sectes.  

QUE PENSEZ-VOUS D'HONORENSE DE TREVEC ? REMPLIT-ELLE BIEN SON RÔLE DE DIRECTRICE ? Ce qu’il en pense ? Il l’admire, tout simplement. Elle a terrassé un dragon, et maintenant s’emploie corps et âme à terrasser les réclamations incessantes de parents mécontents. Il n’a eu l’honneur que de la croiser, mais il partage comme beaucoup à l’école, fille comme garçon, l’admiration sans bornes qui lui était vouée. Une directrice comme cela, cela ne se trouve pas sous toutes les pierres dressés, par Merlin ! En grandissant, son opinion favorable s’est conforté : avoir à la tête de l’Ecole une femme de poigne, qui a une idée très réaliste de ce que peuvent représenter les termes ‘’combat’’ et ‘’danger’’ est tout à fait bénéfique et ne peut que profiter à tous. Peu importe ce que peuvent en dire certains.  

Spoiler:
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Finnagán Méhée
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Finnagán Méhée

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MessageSujet: Re: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyDim 11 Jan - 0:54

Fiat justicia
pereat mundus

Cuimhneamh ar an am atá caite, sult a bhaint as an am atá i láthair, gan eagla roimh an todhchaí*


La lourde porte de bois grinça sur ses gonds et se referma dans un bruit lourd qui sembla se répercuter jusque dans le sol, faisant résonner douloureusement son petit corps. Il était secoué de sanglots si violents qu’il en venait à ne plus respirer, ses poumons parvenant de temps à autre à happer un peu d’air dans un son morbide de lapin strangulé dans un piège de chasseur. Un piège. Voilà ce qu’étaient ces quatre murs de pierres suintant une humidité malsaine d’où, lentement, s’étendaient les bras noueux du froid et de la peur sur le petit corps recroquevillé contre la paille moite à même le sol. Et la lumière ? Où était la lumière de l’astre chaud, celle qui faisait flamboyer ses cheveux dont on murmurait qu’il les tenait du diable ? Où était la lumière de l’astre froid, celle qui donnait des reflets violets et bleutés au plumage couleur de nuit des corbeaux ?

Les corbeaux… Il se souvenait vaguement, la mémoire se frayant difficilement un chemin dans son esprit d’enfant devenu nébuleuse de peur et de désespoir. Il revoyait vaguement des images, les cris, les larmes, les bras qui l’enserraient durement. Où était l’étreinte protectrice de sa mère ? Où étaient les paroles fortes et rassurantes de son père ? Où était le sourire joyeux de sa petite sœur ? Les sanglots lentement s’apaisèrent, l’épuisement prenant le pas sur la panique, mais l’aiguillon de la peur le maintenait parfaitement éveillé, car l’instinct immanent qui sommeille en tous les hommes lui dictait inconsciemment que s’il s’endormait, qui savait s’il se réveillerait jamais… Il releva la tête vers la minuscule lucarne, pierre volontairement enlevée et remplacée par deux barreaux de fer, et destinée à apporter uniquement l’air suffisant. L’enfant ouvrit la bouche, et le son qui sortit de sa bouche était un cri, un appel à l’aide, une supplique désespérée. Mais ce n’était là rien d’humain, et dans la cour désertée du petit château résonna un croassement semblant sortir directement du ventre de la terre elle-même. Un autre lui répondit, celui-là perché en haut d’un mur, le long bec incurvé de l’oiseau maudit se découpant dans la silhouette de la lune voilée de cette nuit de malheur. Et dans l’œil brillant du grand corbeau qui déploya ses longues ailes sombres se reflétait encore le souvenir de cette nuit terrible.

Comment l’enfer s’était-il déchaîné sur cet enfant ? Lui-même mettrait des années à retrouver ces souvenirs, et ils le hanteraient encore longtemps. Mais l’oiseau de nuit, lui, se souvenait. Et il n’oublierait pas. Et il ne pardonnerait pas. Il s’éleva dans un battement de ses grands ailes sombres, porté par celle qui lui avait donné naissance, cette nuit noire de sortilèges et de malédictions, et vint se poser dans un froissement de plume sur le rebord d’une fenêtre, le globe brillant de son œil ne perdant pas un mouvement de la tragédie se déroulant derrière la vitre.

’’Tu n’y songes pas, n’est-ce pas ?’’ La voix féminine derrière lui, rendue rauque par les larmes et une colère douloureusement contenue, arracha le seigneur à sa contemplation muette de la nuit. Mais pas un son ne sortit de sa bouche, et la colère monta à nouveau en elle, vague furieuse et ravageuse brisant toutes les barrières. ’’REPONDS-MOI !’’ Elle avait hurlé cette fois, libérant une fureur dont il l’aurait crue incapable. Devenait-elle monstrueuse, elle aussi ? Mais cela devait-il l’étonner ? Après tout, elle était celle qui avait engendré ce rejeton du Malin. Le regard sombre de l’homme se tourna vers le prêtre, qui contemplait en silence le déchirement de son mariage avec une lueur dans les yeux dont il aurait juré qu’elle contenait une nuance de satisfaction. ’’Ce genre de maléfice ne peut être purifié que par le feu. Pensez à l’âme de votre fils.’’ Le blafard servant de Dieu venait de croasser la terrible sentence sans ciller, et ne l’eut-il pas eu face à lui, il aurait douter de la nature de celui qui l’avait prononcé. Le cri qu’elle émit fut, lui, à tel point inhumain que le châtelain sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. La sagesse populaire vantait le dévouement des mères, mais contempler cette dévotion jusque dans la défense du Malin était un spectacle qui le glaçait. Elle était ivre. Ivre de colère et de peur, d’une douleur anticipée, celle de l’enfant arraché à sa mère au nom d’une croyance à laquelle elle-même s’était pourtant toujours diligemment soumise. Alors pourquoi son propre mari devait-il la retenir de se jeter sur ce prête aux traits durs ? Etait-ce l’insensibilité avec laquelle il venait de condamner son propre enfant au bûcher ? Ou bien était-ce en elle l’instinct inconscient que parce que le garçonnet croassait et arborait des cheveux couleur de feu, il n’était pas pour autant rejeton du diable ? Elle le sauverait. Elle prierait. Elle prierait chaque jour, elle se ferait nonne, elle vouerait le reste de sa vie à lui obtenir Pardon. Mais la simple pensée de son enfant, la chair de sa chair, offert à l’appétit vorace et cruel des flammes, déclenchait en elle une nausée si violente qu’elle ne put se retenir. Epuisée de tristesse et de panique, elle s’écroula au sol et le maigre contenu de son estomac éclata sur le tapis recouvrant le parquet grinçant. Aussitôt, des servantes accoururent, affolées, tandis que le mari s’écartait, dégoûté et si profondément peiné qu’il ne se sentait plus la force de lutter.

Et personne, ce soir-là, n’entendit dans la cour les sabots d’un cheval claquer sur les pavés, ni n’entendit la course effrénée dans laquelle son cavalier le lançait, disparaissant lui aussi dans la nuit. L’enfant était seul à présent, et ce cavalier constituait sans doute le seul allié de ce prisonnier trop jeune pour comprendre ce dont on l’accusait. Mais le cavalier lui, savait. Sa baguette précieusement cachée, il savait que la survie de cet enfant dépendait à présent de lui et de la vélocité avec laquelle il pourrait aller lui chercher la seule aide à même de lui épargner le sort barbare auquel ce prêcheur du ’’Tout Puissant’’ l’avait condamné. Alors il pressa plus fort les mollets, et l’hongre sous lui allongea sa course. Le cri sec d’un corbeau déchira une dernière fois le silence de la cour, et le volatile déploya toute son envergure et disparut dans les tréfonds de la nuit, abandonnant à l’oubli les restes laissés sur le pavé d’une fête avortée.






Jours. Nuits. L’un et l’autre se succédaient sans que l’enfant en ait réellement conscience. Il ne bougeait plus. Flamme vacillante dans la noirceur toujours croissante de cette cellule dont il était persuadé désormais qu’il serait son tombeau, il s’était recroquevillé dans un coin, bête blessée et abandonnée résignée à son sort. Il avait cessé de lutter, et son esprit d’enfant avait cessé d’espérer. A présent, il attendait. Il attendait que la mort vienne le bercer de ses longs bras enveloppants. Arrêter de devoir vivre, arrêter de devoir repenser à sa famille qui le savait ici, à son propre père qui l’avait tiré ici à la force de ses bras, malgré ses larmes et ses cris désespérés. Cris… Ou était-ce des croassements ? Il ne savait plus. Il ne s’en souciait plus. Il attendait que l’oubli passe et l’emporte vers un monde meilleur. Car il ne pouvait y avoir pire que la noirceur humide de ce cachot, n’est-ce pas ?

Un galop sur les pavés dont le son sec rebondit sur les pierres des murs de sa petite pièce au sous-sol, la lumière lunaire pointant à peine par la petite fenêtre barrée de fer. Mais il ne levait même pas la tête. Il n’avait plus la force. Il attendait que le temps s’écoule. Il avait eu faim. Plus maintenant. Il attendait que la vie passe. Un instinct inconscient lui susurrait que cela ne durerait plus très longtemps. Encore un peu de patience, bientôt un sommeil paisible viendrait l’envelopper. Si les dieux avaient encore un peu de pitié pour lui, peut-être lui accorderaient-ils la clémence d’un passage dans l’autre monde plus doux que celui qu’on lui préparait dans la cour. Mais cela, il n’en avait pas conscience. Le bruit dans la cour avait cessé. Etait-ce le fruit de son imagination ?  

Soudain, les gonds rouillés de la porte de son cachot grincèrent atrocement, et un instinct de survie qu’il croyait avoir abandonné depuis longtemps le força à lever la tête. L’étincelle de vie se ralluma en lui, force vive propre aux enfants qui s’accrochaient à la vie jusqu’au dernier instant, qui refusaient inconsciemment de la laisser glisser entre leurs doigts. Les yeux clairs de l’enfant s’écarquillèrent, et sa bouche s’ouvrit mais son cri s’étrangla dans sa gorge. Une longue figure capée, noire comme une nuit sans lune, apparition sinistre venue du fond des ténèbres, se tenait dans l’embrasure de la porte, un flambeau rougeoyant furieusement à la main. Elle était là. Elle était venue le chercher. Il rampa en arrière, et son dos heurta le mur derrière lui, tandis que la silhouette avance d’un pas lourd. L’enfant se recroquevilla, désespéré d’impuissance, et puisa dans ses dernières forces pour lever un bras tremblant, défense futile entre son regard et l’apparition terrifiante. Une poigne lui attrapa le bras et l’enserra brutalement entre ses doigts, et un hurlement de pure terreur lui échappa.

’’Finn ! FINN REVEILLE-TOI !’’ Il ouvrit brutalement les yeux et se retrouva nez-à-nez avec son frère qui le secouait sans ménagement, son regard le scrutant avec une inquiétude si sincère qu’elle déclencha chez Finn cette habituelle sensation de chaleur rassurante. Il soupira et sourit à son frère aîné. ’’Tout va bien, Sieg. Juste un cauchemar.’’ Le brun le lâcha et l’observa quelques instants, dubitatif face au faible sourire du roux. ’’Tu veux que j’appelle Jehanne ? Ou Nuada ?’’ Les yeux clair du roux observèrent le plafond sans vraiment le voir. A quoi cela servirait-il ? La nourrice le rassurerait, lui donnerait peut-être une potion pour passer une bonne nuit, passerait un moment avec lui. Jehanne l’aimait énormément et il ne doutait pas qu’elle viendrait le rassurer de bon cœur, mais il savait aussi qu’elle devait accorder tout son temps à Conrad, et surtout, à la perle de la famille, leur douce petite sœur, qui allait bientôt célébrer son troisième automne. Alors non, il laisserait Jehanne à un trop rare sommeil dont elle avait besoin. Quant à Nuada… Où pouvait bien être le druide à cette heure de l’aube ? Personne ne le savait jamais. L’homme était étrange, mais plein d’une sagesse pour laquelle Finn était souvent reconnaissant, au delà de son admiration pour le puits de science et de sympathie qu’était cet homme. Le rouquin soupira, et sourit faiblement dans la pénombre. ’’Retourne dormir Sieg. Désolé de t’avoir réveillé.’’ Son aîné d’une année seulement lui jeta un dernier regard fatigué et peu convaincu, avant de retourner se plonger dans ses draps lourds, encore chauds. Il ne fallut que quelques minutes pour que Finn entende distinctement la respiration de son frère s’apaiser, signe qu’il s’était rendormi. Il se leva silencieusement, et s’habilla rapidement. Ils partageaient beaucoup depuis qu’il était arrivé ici, quatre années plus tôt. Il n’avait alors que huit ans, et toute la famille l’avait accueilli avec tellement de bienveillance… Mais c’était de Siegfried, l’aîné de la fratrie, dont il s’était senti le plus proche, et le sentiment avait été réciproque. Aujourd’hui les adultes plaisantaient souvent que les deux eussent été jumeaux, rien n’aurait été différent.

Sa cape sur le dos, Finn s’éclipsa en silence de la chambre qu’il partageait avec son frère de cœur, glissant sans un bruit dans la paix qui baignait le château alors que l’aube pointait à peine à l’horizon. Les serviteurs ne tarderaient pas à sillonner sans un son les couloirs de pierre, mais pour l’instant rien ne bougeait, et le jeune Méhée adorait ces instants. Dévalant le dédale de couloirs qu’il avait appris à connaître par cœur, il rejoignit rapidement la dépendance des écuries. Les chevaux, encore somnolents, relevèrent la tête en entendant la porte usée s’ouvrir de si bon matin, et le jeune adolescent se dirigea sans hésiter vers son poney, qui souffla doucement pour accueillir son jeune cavalier. Avec l’automatisme de la pratique, Finn sella et harnacha sa monture, et il ne fallut pas une demi-heure pour qu’il passe les grilles du domaine au petit galop rythmé de son poney bai foncé.

Combien de temps ce cauchemar hanterait-il ses nuits ? Toute sa vie, sans doute. C’était sans fin. Pas besoin d’en parler à qui que ce soit, la suite du rêve, il la connaissait parfaitement, car il n’y avait là rien de plus que sa mémoire, encouragée de son imagination, tyrannisant son esprit. La suite, il la connaissait. Ces deux mains puissantes qui le soulevaient de terre et l’emmenaient hors du cachot sordide où il avait épuisé ses forces pendant cinq longues nuits et journées. Les hurlements déchirants, la silhouette fantomatique qui resserrait sa poigne autour de lui et se hissait avec le poids mort de l’enfant, trop fatigué pour se débattre, sur un grand cheval pâle. La forme indistincte d’un bûcher au milieu de la cour, puis soudain le cavalier venu de la nuit qui l’emportait loin de la terre où il avait vu le jour, au son sinistre du croassement d’un corbeau. Et puis, alors qu’il était balloté malgré lui vers une destination qu’il ignorait, le noir total et absolu.

La suite, il la connaissait. Le rêve était toujours le même. C’était celui de son enfance. Les années passants, il avait pris conscience que la vision fantomatique de cette silhouette au flambeau n’était autre que celle de Stoffel de Lusignan, seigneur du Poitou et suzerain des Méhée, qui ayant appris le sort atroce de l’enfant ’’sorcier’’ promis aux flammes, était venu l’arracher à un destin funeste. Il devait tout à cet homme qui l’avait non seulement sauvé, mais accueilli sous son toit et élevé comme son propre fils. Alors pourquoi sa mémoire ne pouvait-elle faire le lien ? Pourquoi son esprit refusait-il de s’apaiser ?

Soudain son poney renâcla et s’arrêta brutalement, s’écartant d’un renard qui traversait le chemin dans un jappement terrifié. Le jeune cavalier, à l’assiette encore instable et perdu dans ses réflexions, ne tint pas le choc et roula dans la poussière en jurant, tandis que le poney, dans un hennissement affolé, faisait demi-tour sur le chemin de forêt en direction du domaine malgré les vaines protestations de son cavalier désarçonné. Comment pouvait-il être déjà en forêt ? Il savait la forêt domaniale proche de la demeure principale, mais tout de même ! Et voilà à quoi l’avait mené sa petite fugue matinale… Seul, à l’aube, dans la forêt. La marche pour le retour s’annonçait longue. Dans un soupir, il rassembla ses forces pour se relever, mais soudain sa jambe protesta. La douleur lui coupa la respiration, et il s’affala lourdement dans un feulement misérable. Qui viendrait le trouver ici ? Et surtout, dans combien de temps ? Il aurait du rester dans son lit.

Serrant les dents, il se traîna jusqu’au tronc d’un arbre auquel il appuya son dos, la douleur lançant dans toute sa jambe, et il pria silencieusement les dieux pour qu’il ne boîte pas pour le reste de son existence comme le vieux palefrenier du domaine. Une vague de panique monta en lui, et les vieilles peurs d’enfance lui serrèrent le cœur. Non. Respirer. Se calmer. Quelqu’un allait venir. Quelqu’un allait forcément venir. Non ?

Un froissement d’aile et un croassement qu’il ne connaissait que trop bien lui firent tourner la tête, et son regard rencontra l’œil sombre du volatile. Aussitôt, il détourna le regard et serra les lèvres. Il ne voulait plus entendre parler de ces oiseaux. Ils avaient causé sa perte. Ils étaient la cause de son malheur. Ils étaient ceux qui avaient provoqué toute cette haine de ses parents. Et malgré les insistances de la famille et de Nuada, il avait renié cette part de lui il y a longtemps déjà, et les années avançant, il refusait de changer d’avis. Il deviendrait un sorcier et un chevalier, comme ses frères, mais jamais, ô jamais, il ne s’abaisserait à donner la voie à cette malédiction. L’oiseau sautilla pour entrer dans son champ de vision et émit un nouveau croassement. Le jeune adolescent attrapa une branche et d’un geste large, força l’oiseau à s’écarter. Il ne voulait plus l’entendre, il ne voulait pas donner satisfaction à cette part de lui qui tentait désespérément de refaire surface. Malgré sa jeunesse, il avait enfoui cette part de lui loin, très loin au fond de son âme et ne la laisserait jamais sortir. Plus jamais. Il ne revivrait pas l’horreur de cette nuit. ’’Je pourrais t’aider, pourtant.’’ Finn se boucha les oreilles avec ses mains. A nouveau, les croassements avaient sens pour lui… la malédiction serait-elle donc toujours plus forte que lui ? ’’Tu ne pourras pas éternellement nous éviter.’’ L’enfant –car c’était ce qu’il était redevenu en cet instant, peu importe ses douze printemps bien portés– secoua la tête et s’écria : ’’Va-t-en ! Je ne veux rien de cela !’’ Et soudain il rouvrit les yeux dont il ne s’était pas rendu compte qu’il les avait fermé et vit que l’oiseau avait osé s’aventurer jusque sur ses jambes étendues. Et sans réfléchir, sa main partit et rencontra le corps chaud et les plumes douces et l’oiseau fut éjecté dans un croassement qui semblait étrangement… humain. Finn tressaillit et observa sa main sans comprendre, des remords s’emparant soudain de lui. Un dégoût étrange, expression d’une nature profonde contre laquelle il ne pourrait pas éternellement lutter, lui serra la gorge. ’’Pourquoi as-tu fait cela, jeune maître ? Je cherche seulement à t’aider.’’ Le corbeau s’était rapproché de nouveau, sa tête penchant sur le côté et observant le jeune rouquin avec un mélange de tristesse et de compassion. Finn se ressaisit. Les corbeaux n’éprouvaient pas de sentiments. Lui, par contre, n’était plus qu’un maelstrom, et avant qu’il ait pu tenter de les retenir, les larmes se mirent à couler sur ses joues pâles. ’’Je ne veux pas de votre aide ! Je ne veux plus jamais parler à l’un d’entre vous !’’ Il y eut une pause, où l’oiseau le scruta. ’’Nous ne sommes pas responsables de la haine des tiens, jeune maître.’’ Finn ouvrit la bouche pour répondre, mais un sanglot plus fort que les autres lui coupa la respiration. ’’C’est un don qui t’a été donné, et nous sommes tes alliés. Cela fait partie de toi, jeune maître. Un jour, tu devras l’accepter. Je te suis depuis ce jour funeste, et bientôt ma vie s’achèvera, mais d’autres seront là pour t’aider à ma place. Ne nous rejette pas plus longtemps, jeune maître.’’ L’oiseau déploya son envergure sombre, et sembla hésiter, puis d’un battement d’aile vint se poser sur l’épaule du jeune  adolescent. Ce dernier se raidit, mais ne protesta pas. Cela ne dura que quelques instants, juste l’espace d’une respiration, et pourtant Finn sentit une paix que jamais il n’avait ressentie auparavant l’envahir jusqu’au plus profond de son être. Alors l’oiseau s’envola dans un croassement qui sonna comme un cri de joie aux oreilles du jeune Finnágan. Il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir sur la route de l’acceptation, mais aujourd’hui, dans cette forêt, un premier pas avait été fait.

Une heure plus tard, Nuada, prévenu par les insistances d’un grand corbeau, arriva à la rescousse du jeune Finn. Et depuis ce jour, les cauchemars, s’apaisèrent chaque nuit un peu plus, jusqu’à ne plus être qu’un souvenir que les années achèveraient de rendre flou.







Une main rassurante se posa doucement sur le chanfrein de la petite jument pâle, et elle souffla doucement en direction du bipède face à elle. Le rouquin sourit à demi, mais le cœur n’y était pas, et la pouliche le sentait bien. Posé sur la barrière, le corbeau qui ne le quittait que rarement l’observait sans broncher, car il connaissait suffisamment son ami humain pour savoir quand il valait mieux ne pas intervenir. Et lorsqu’il avait vu, du haut de son perchoir au sommet du toit de la dépendance, le jeune homme foncer directement vers les écuries, le regard houleux perdu dans ses boucles flamboyantes, l’oiseau avait jugé plus sage de se tenir à carreau. Sage décision, semblait-il, étant donné que ledit humain n’avait pas pipé mot depuis un laps de temps dont la longueur paraissait maintenant relativement excessive. Mais Finnagán n’avait pas envie de parler. En vérité, il avait juste envie de rester seul, très très seul, et ce jusqu’à ce qu’il ait réussi à calmer la tempête qui le secouait intérieurement et menacer de déborder d’un instant à l’autre en une crise de colère qui ne serait probablement pas belle à contempler. Il inspira profondément. Se calmer.

Des pas précipités derrière eux firent tourner à l’oiseau. Deux secondes après, le volatile s’envolait dans un froissement précipité de plumes noires et un croassement outré, disparaissant dans la canopée après avoir échappé de peu au coup rageur d’un des frères de son jeune ami. Il reviendrait. Il revenait toujours. Mais ce geste d’énervement inutile eut le don de tendre un peu plus le rouquin, si tant est que cela fut encore possible. Il se retourna pour se retrouver nez-à-nez avec son frère aîné et son frère cadet, qui semblaient avoir à peu de choses près le même état d’esprit que lui. ‘’Tu savais ?’’ Le ton qu’avait employé Gwendal ne plut pas du tout au fils adopté de la famille, mais il ne dit rien et serra les dents. Déclencher une bagarre ne ferait pas avancer la situation. Visiblement, cette pensée ne semblait pas avoir traversé l’esprit de son jeune frère, qui franchit la barrière et entra dans l’enclos, se plantant face au rouquin et répétant sa question avec lenteur et distinctement. ‘’Tu. Savais.’’ Les iris limpides du roux se plantèrent dans ceux, orageux, de son cadet, et l’ambiance électrique entre les frères semblait à deux doigts de craquer. ’’Je n’ai rien à…’’ ’’Réponds-lui.’’ Les deux frères se tournèrent immédiatement vers leur aîné, mais il y avait dans le regard de Finn une lueur… triste. Alors Sieg aussi croyait qu’il savait, qu’il avait accepté en tapant des deux mains, qu’il avait presque… fomenté cela ? Le roux serra les poings. Elle était belle, la fraternité. Il tourna les talons, et d’un bond sortit de l’enclos, bien décidé à s’éloigner. Mais ses deux frères ne semblaient pas disposés à le laisser en paix, car il sentit soudain une maine ferme se poser sur son épaule. Comme brulé, il fit volte face et enleva la main de son aîné d’un geste sec. ’’Réponds-nous, Finn ! Savais-tu ?’’ Finn regarda alternativement ses deux frères avec dans le regard un mélange de peine et de colère. Il sentit la rage remonter en lui comme une vague, brisant tout sur son passage, ravageant le peu de contenance qu’il lui restait, balayant tout espoir de garder son sang-froid, et il explosa littéralement. Sans réfléchir, il bondit sur son aîné qui, la surprise passé, riposta vertement. Leur cadet ne tarda pas à rejoindre la bagarre, et comme tous les jeunes hommes depuis des siècles, les trois frères passèrent leur colère à la force des poings, colorant joyeusement le tout de jurons fleuris…

Comment en étaient-ils arrivés là ? Assis dans la poussière, défaits, endoloris et essoufflés, ils regardaient tous trois le sol dans un silence lourd. La rage passée, l’esprit prenait soudain conscience de la stupidité de ce conflit, et les remords fleurissaient avec une vitesse malsaine. Finn soupira. ’’Evidemment que je n’avais jamais eu vent de cette idée. Vous croyiez sincèrement que je ne m’y serais pas opposé ?’’ Siegfried et Gwendal relevèrent la tête vers leur frère adopté, mais ils ne semblaient pas réellement surpris. Le cadet avait récolté de cette confrontation musclée un œil au beurre noir qui mettrait sans doute quelques temps à partir, et Finn sentait sa pommette lancer douloureusement. Siegried n’avait pas réellement meilleure mine. Par les dieux, comment en étaient-ils arrivés là ? Cette journée avait pourtant bien commencé…

• • •


Les garçons entrèrent dans la salle avec autant de délicatesse qu’un troupeau d’hippogriffes en furie, les talons de leurs bottes de cuir claquant durement contre le parquet raffiné de la grande salle. Un rappel à l’ordre amusé du patriarche eut tôt fait de rappeler la fratrie à l’ordre, mais les garçons continuèrent de ricaner sous barbe, récoltant les regards amusés de leur mère et de leur jeune sœur. L’humeur était légère, c’était un bel été, chaud et sec, et les garçons avaient passé la journée à s’entraîner. Siegfried venait d’être accepté en apprentissage dans la Garde, et tout comme Finnagán –qui d’ailleurs concentrait tous ses efforts à suivre les pas de son aîné– et Gwendal étaient bons élèves. Conrad profitait de sa dernière année avant d’entrer à Ornebois, et Melizenn goûtait à la paix de la vie privilégiée, quittant l’enfance pour se diriger tout doucement vers l’adolescence. La vie était simple, comme lors de tous leurs étés dans le Poitou. Chose exceptionnel, la fratrie ne s’était pas encore chamaillée, et chacun des frères semblant avoir suffisamment grandi pour parvenir à vivre paisiblement avec son prochain.

Chacun s’assit à sa place habituelle et le repas s’entama sur un ton enjoué, les éclats de rire et taquinerie habituelle fusant entre la fratrie, sous le regard attentif des parents. Peut-être que si les frères avaient été plis attentifs ce jour-là, ils auraient remarqué l’air pensif de Stoffel et le masque de tendre tristesse affaiblissant les traits habituellement si heureux de leur mère. Mais ils étaient encore jeunes, et trop occupées à se chambrer mutuellement pour réellement prêter attention à des détails pourtant si fondamentaux. Mais les repas en famille étaient rares ces temps-ci, alors ils profitaient de ces trop rares moments d’union familiale dans l’intimité et ne se souciaient de rien d’autre.

Brutalement le père de famille se leva, et aussitôt à table le silence se fit. Les regards si variés et pourtant si semblables de tous ses enfants, de sang ou pas, se tournèrent vers le seigneur, soudain sérieux, presque soucieux. Car ils venaient de voir cette ride caractéristique entre les deux sourcils de leur père, cette ride des gens qui ont trop à porter sur leurs épaules, et inconsciemment ils comprirent que la joie de ce moment familial venait de s’achever irrémédiablement. ’’Votre mère et moi devons vous parler d’une affaire de grande importance.’’ Sa femme fronça légèrement les sourcils. Comme tous les pères, son époux avait parfois quelques problèmes de… communication avec ses fils, et elle craignait qu’une erreur de tact sur l’affaire dont il était questions aient des conséquences dont ils n’avaient absolument pas besoin, l’affaire en elle-même étant déjà un petit raz-de-marée à elle toute seule. Mais avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche pour intervenir, il avait repris. ’’Nous avons longuement considéré la question, mais à présent notre décision est prise. Lorsque le moment sera opportun, nous annoncerons les fiançailles de Finnagán et Melizenn.’’ Anissina retint un soupir. Voilà exactement la façon dont il ne fallait absolument pas s’y prendre.

Le silence qui s’abattit sur la tablée fut assourdissant. Tous scrutèrent le patriarche en bout de table, attendant sans doute qu’il parte dans un tonitruant éclat de rire. Car cela ne pouvait être que cela, n’est-ce pas ? Une très mauvaise blague ? Si c’était le cas, Finn se sentait le cœur de pardonner. Pitié, tout plutôt que cela soit la vérité. Mais rien ne se passa. Stoffel de Lusignan se rassit dans son large fauteuil sculpté et reprit sa coupe de vin en main avec un naturel qui déclencha en Finn une telle vague de colère qu’il sentit son estomac lui remonter dans la gorge. Il n’osait même pas regarder sa jeune sœur, pourtant assise en face de lui. Il y eut le son des pieds d’une chaise raclant le parquet, puis du dossier de la chaise déséquilibrée s’écrasant sur ledit parquet. Comme détaché de son corps, le rouquin se rendit compte que c’était lui qui s’était levé. Il marqua une pause, hébété, avant de quitter précipitamment la salle à grandes enjambées furieuses. Deux minutes après, Siegried et Gwendal lui emboitaient le pas, visiblement de la même humeur folichonne que lui, suivis bientôt de Conrad et Melizenn qui s’engouffrèrent par une porte dérobée dans un couloir, laissant le couple seigneurial dans un silence sinistre. Anissina jeta à son mari un regard furieux. ’’Rappelez-moi de leur annoncer moi-même les affaires un peu délicates. Vous avez autant de tact qu’un troll !’’ Et dans un soupir agacé, elle se leva à son tour, suivant les pas de sa fille, dans l’espoir de récupérer ce qui pouvait encore l’être.

• • •


Finn toqua doucement à la porte, et une petite voix timide lui répondit. Rassemblant ce qu’il lui restait de courage, il poussa doucement la porte finement travaillée qui s’ouvrit sur l’élégant boudoir. Il venait assez rarement ici, car il savait qu’il s’agissait du domaine des femmes de la famille, et ses frères et lui se sentaient toujours un peu comme des intrus dans cet endroit. La fenêtre face à lui, au fond de la pièce, était grande ouverture sur l’air chaud de la fin de soirée, et l’été s’engouffrait avec délice par cette brèche. La lumière chatoyante qui brillait par la fenêtre ouverte découpait la silhouette élégante de sa mère d’adoption et une autre, à côté d’elle, plus fluette, qu’il reconnut immédiatement. Il la connaissait par cœur, il aurait pu la reconnaître eut-il été aveugle et sourd. Le phœnix était là aussi, toisant le jeune rouquin avec ce même air un peu suffisant qu’il arborait toujours.

Bientôt la mère se détacha de sa fille et passa à côté de son fils d’adoption, l’invitant d’un sourire à aller au bout de sa démarche, qu’elle avait comprise dès qu’elle l’avait entendu toquer. Il sourit faiblement et s’avança presque sans bruit jusqu’à arrive à hauteur de sa sœur, regrettant aussitôt les sillons humides sur ses joues dont il ne pouvait s’empêcher de se sentir responsable. Oubliant instantanément toutes les belles formulations et formalités qui tournaient dans son esprit depuis qu’il s’était mis en chemin, il vint prudemment s’asseoir à côté d’elle sur le petit banc. Le regard d’habitude si chaleureux de la jeune Lusignan évitait soigneusement le sien, et cela le blessa plus qu’il n’aurait pu l’imaginer. ’’Meli, je…’’ A l’appel de son nom, la tête couronnée de cheveux roux se tourna brusquement vers lui, découvrant des yeux marqués par une telle tristesse que le jeune homme se sentit instantanément fondre de l’intérieur. Dieux touts puissants, cela le heurta si fort qu’il sentit son cœur rater un battement. Dans un réflexe dont il ne prit conscience que lorsque la forme menue de sa sœur vint se nicher contre lui, il ouvrit grands les bras et attira sa sœur contre lui. ’’Finny, pourquoi… comment…’’ Le grand-frère prit alors seulement conscience que pendant que lui et ses frères se déchiraient sur des questions aussi tordues que la raison profonde sous cette décision inexplicable, leur jeune sœur se retrouvait au cœur de la tourmente… seule. Elle sortait à peine de l’enfance, et cela ils avaient trop tendance à l’oublier.

D’un geste délicat de l’index, il dégagea une mèche rousse qui barrait le visage de la jeune Melizenn, et les paroles sages de Nuada lui revinrent en mémoire. Le vieux druide était venu lui parler, à lui et ses frères, chose exceptionnelle. Et quand ses frères l’avaient laissé, il avait longuement parlé avec celui qui avait finit par devenir la figure la plus proche d’un parent après ceux qui l’avaient secouru.  ’’Je ne sais pas pourquoi Père a pris cette décision, Meli, et je ne pense pas qu’il s’expliquera jamais. Mais cela ne change rien. Alors calme tes larmes, parce que quoi qu’il arrive, nous serons toujours là. Siegfried, Gwendal, Conrad et moi.’’ Il marqua une pause, et la jeune fille releva la tête. Il lui offrit un sourire chaleureux. ’’Parce que sinon, qui sera là pour te taquiner ?’’ Et, joignant le geste à la parole, il ébouriffa sans remords les longs cheveux roux de sa sœur, sous ses protestations outrées, mêlées d’un rire qui sonna comme une musique aux oreilles du jeune sorcier. Ils auraient bien le temps de se préoccuper de cette folie dans quelques années. D’ici là, il serait son rempart contre le monde. Ils le seraient tous, comme ils l’avaient toujours été.  







D’un geste net, il arrêta le destrier noir sous lui qui renâcla, écumant de sueur et détrempé de pluie. Voilà des jours qu’ils voyageaient, et cavalier comme cheval sentaient la fatigue du voyage les gagner peu à peu. Le rouquin embrassa le paysage du regard, et au loin, se détachant sur le ciel chargé de l’après-midi, silhouette fantomatique à travers le rideau de pluie qui s’abattait sur ces terres depuis le matin. Si la pluie ne cessait bientôt, il serait à craindre que les rivières ne gonflent trop. Finn resserra le capuchon de sa cape brune et pressa les flancs de l’étalon, qui partit au petit trot. Tandis que la large bête prenait le chemin serpentant dans la campagne, les paroles de Stoffel revinrent dans la mémoire du jeune chevalier. Toute sa famille de sang, emportée par la fièvre en quelques semaines. Père, mère, fille aînée et leur jeune fils. Ce qui faisait de Finnagán, l’enfant maudit, le rejeton du Malin, l’héritier de tous leurs biens et terres. Ce qui, somme toute, pouvait sembler peu en comparaison des possessions de leurs suzerains, mais qui représentait pour Finn la chance inouïe d’enfin retrouver son nom et un rang dans la petite noblesse. Alors le père de Lusignan, le perçant de cet habituel regard gris qu’aucun de ses fils n’osait soutenir trop longtemps, lui avait annoncé que désormais il pouvait reprendre son nom. Alastar l’Orphelin était définitivement mort ce jour. Cet alias lui avait servi toute son enfance, pour le protéger, le temps que les commérages passent. Il était devenu l’orphelin de sang-mêlé, dont on avait oublié la lignée. Et voilà qu’aujourd’hui l’orphelin redevenait le fils légitime, qu’Alastar cédait définitivement la place à Finnagán.

Soudain son cheval s’arrêta, l’arrachant à ses pensées. Il était arrivé dans la cour du château, si l’on pouvait appeler cela comme cela. C’était plus une belle demeure entourée d’une ferme fortifiée qu’un réel château, mais le domaine était de bonne taille et les terres particulièrement fertiles. Il avait battu la campagne quelques jours, portant fièrement les couleurs chamarrées de la Garde de Trécesson. Ici, tout le monde avait oublié le fils maudit des Méhée, car ici, tout le monde détestait la famille seigneuriale. Finn ne s’en formalisa pas un seul instant, car toute affection en lui pour sa famille de sang était morte depuis longtemps. Il se présentait comme un parent éloigné, qui n’avait appris son héritage qu’il y a peu. Revenant à l’instant présent, le fils perdu observa un instant le décor autour de lui, les souvenirs flous d’une enfance traumatisée le heurtant de plein fouet. Cette époque était loin, mais elle l’avait marqué si fort que retrouver les lieux de son malheur réveillait en lui une tristesse et une peur pernicieuse, longtemps enfouies. Il soupira, et mit malgré tout pied à terre souplement.

Il avait parcourut beaucoup de chemin depuis son enfance. Adopté de façon improbable par la famille suzeraine qui l’avait accepté comme un fils, il avait porté tous ses efforts à devenir un sorcier et un chevalier digne de ce nom. Il était Garde aujourd’hui, et en était fier. Tant de travail. Tant d’effort. Tant d’espoir. Et pourtant sa vie restait une sorte de pièce de théâtre. Il avait grandi sous un alias qui n’était pas son premier nom, Alastar l’Orphelin. Tous le croyaient de sang-mêlé, car en cette époque troublée, il avait fallu préserver sa vie. Et surtout, parce qu’il était fiancé à sa sœur d’adoption pour protéger le précieux trésor qu’elle représentait pour sa famille. Et voilà qu’à présent il se retrouvait l’héritier lointain et perdu de sa propre famille de sang. Un rire aux consonances amères lui échappa soudain. Car même si son existence semblait vouée à baigner éternellement dans un mensonge nécessaire, il y avait trouvé plus de bonheur qu’il n’aurait jamais pu l’espérer. Il releva les yeux vers le croassement qui résonna soudain dans le silence de la cour, et là, perchée sur le même muret qu’un autre de son espèce vingt-deux années auparavant, se tenait Ériu, compagne au plumage noire de toutes les aventures du Courbelangue qu’il était. Alors le rouquin partit d’un rire franc, alors qu’un palefrenier se pressait pour venir s’occuper du cheval de son nouveau maître. Et au-dessus de la large porte de bois de la demeure domaniale était gravé le blason des Méhée et leur devise, dans la langue de leur terre natale.

Dá ísle a bheifí, éireofar arís. Aussi bas soyons-nous, toujours nous nous relèverons.




* Remember past, live the moment and do not fear future.
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MessageSujet: Re: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyDim 11 Jan - 1:30

Bienvenueeeeeeeee (officiellement) Smile
bon courage pour ta fichette Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive 764162725 Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive 764162725
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MessageSujet: Re: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyDim 11 Jan - 10:25

Bienvenue sur MS I love you
Très beau début de fiche !
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MessageSujet: Re: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyLun 2 Fév - 0:25

Comment dire... j'ai littéralement dévoré ta fiche ! Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive 267393714
C'est vraiment un personnage super intéressant que tu as là... j'ai hâte le voir en RP ! I love you
Bienvenue encore et bon courage pour ce qui reste à faire ! Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive 1821273224
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Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive Empty
MessageSujet: Re: Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive   Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive EmptyDim 8 Fév - 11:44

Félicitations !

tu es désormais validé(e) !
Alors ma foi c'est parfait ! Tu as très bien intégré ton personnage au sein du monde sorcier et les intrigues avec les de Lusignan promettent . Hâte de voir le rouquin en jeu Finnagán • But as long as we survive, Our hope and pride they can't deprive 1821273224



Tu peux à présent poster dans toutes les parties du forum !   Mais avant ça, n'oublies pas d'aller recenser ton avatar ici-même si ce n'est pas déjà fait ! Ensuite, nous t'invitons à te rendre dans la malle aux sortilèges, afin que tu puisses recenser ton patronus et ton métier (si tu en as bien sûr   ). Bien entendu, tu pourras également ouvrir un nouveau sujet dans les carnets de liens, afin que tu puisses commencer à te faire des amis ou des ennemis (à toi de voir   ) et prévoir tous tes RP ! Autre lien utile si tu as décidé de créer une nouvelle grande famille de sorciers, tu peux te rendre ici afin d'en faire un récapitulatif, d'y inclure toutes les informations que tu souhaites et qui sait, peut être qu'un potentiel prochain membre viendra en agrandir les rangs ?    Pour finir, on te donne rendez-vous dans la partie hors jeu, lieu où tu pourras flooder comme un fou et ainsi, rencontrer les autres membres !    

Allez c'est parti, nous te souhaitons bon jeu et nous espérons que tu passeras un agréable moment parmi nous !    
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